L’HYPOTHÈSE d’un lien entre inflammation et dépression a été soulevée il y a plusieurs années et aujourd’hui il existe de plus en plus d’arguments en ce sens. On sait ainsi que, au cours d’un épisode dépressif majeur, il existe un emballement de l’axe hypothalamo-hypophysaire avec élévation du cortisol et activation de cytokines pro-inflammatoires comme l’IL1 et l’IL2 et ces dernières apparaissent diminuer les taux de sérotonine et de dopamine. Ainsi l’injection d’endotoxine de E. coli à des souris entraîne une augmentation des taux d’interleukine, mais aussi un comportement de type dépressif, proche de celui également constaté lors d’une grippe. De même, l’administration d’interféron, en cas d’hépatite C par exemple, peu provoquer des symptômes dépressifs.
Le lien manquant.
« Ce qui est particulièrement intéressant, souligne le Pr Philippe Fossati, c’est que cette hypothèse ne s’oppose pas aux théories classiques de baisse des neuromédiateurs et qu’elle pourrait expliquer le lien entre la dépression et certaines affections somatiques comme les pathologies cardio-vasculaires ou le diabète de type 2. Il faudrait alors considérer la dépression comme une maladie inflammatoire chronique de bas niveau. Une autre conséquence possible de cette thèse est que le traitement de la dépression pourrait améliorer la santé non seulement mentale, mais également physique. » Chez l’animal soumis à des stress chroniques modérés provoquant une activation des interleukines, il a été montré que les antidépresseurs diminuaient cette réponse cytokinique. A contrario, des essais de traitement par anti-inflammatoires ont été menés dans certaines dépressions traînantes. « Nous avons commencé depuis peu un travail de recherche en collaboration avec l’hôpital européen Georges-Pompidou pour évaluer le rôle des cytokines dans les signaux sociaux. Au total, on commence à mieux comprendre certains mécanismes physiopathologiques de la dépression et à envisager d’autres stratégies pharmacologiques. Même s’il reste encore du chemin à parcourir, toutes les nouvelles données convergent pour considérer la dépression comme une authentique maladie de système, nécessitant, à ce titre, une prise en charge multidisciplinaire », conclut le Pr Fossati.
› Dr PATRICIA THELLIEZ
D’après un entretien avec le Pr Philippe Fossati, centre hospitalier Pitié-Salpêtrière, Paris.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024