CETTE ÉTUDE arrive à point nommé dans son pays natal. Alors que le gouvernement britannique a lancé un programme d’amélioration de l’accès aux psychothérapies (Improving Access to Psychological Therapies, IAPT), dans le cadre d’un vaste plan de promotion de la santé mentale « no health without mental health », une équipe de Bristol, Exeter et Glasgow montre, dans une étude (1) randomisée contrôlée incluant près de 500 sujets déprimés résistants au traitement médicamenteux, que l’adjonction d’une psychothérapie cognitivo-comportementale (TCC) double les chances de réponse à six mois, celle-ci étant définie comme une réduction de plus de 50 % des symptômes dépressifs. Le taux de réponse était ainsi passé de 22 % dans le groupe prise en charge standard à 46 % dans celui avec TCC.
« Ce n’est pas vraiment une découverte, commente le Dr Christine Mirabel-Saron, chef de l’unité psychothérapies à l’hôpital Sainte-Anne (Paris) et ex-présidente de l’association française des thérapies cognitivo-comportementales (aftcc). On sait depuis longtemps que les TCC marchent dans les dépressions en association aux antidépresseurs. Il y a moitié moins de rechute à 1 an et un tiers de moins à 2 ans. Quatre petites études indépendantes, passées inaperçues, l’avaient déjà retrouvé dans les dépressions résistantes (2) ».
Facilité d’accès aux TCC.
Ces résultats confortent les pouvoirs publics outre-manche de la justesse de leurs choix en politique de santé. « Des milliers de praticiens ont été formés aux TCC dans la dépression, et également répartis sur le territoire, détaille le Dr Mirabel-Saron. La campagne grand public était très incitative avec distribution de plaquettes sur la dépression ». Il n’en est pas de même partout ailleurs. Aux États-Unis par exemple, les auteurs insistent sur la difficulté d’accès aux psychothérapies, dont les TCC.
« En France, il y a suffisamment de psychothérapeutes formés, que ce soit à travers les DIU ou les filières privées, environ 500 par an, précise le psychiatre parisien. Mais, d’une part, les patients ne sont pas informés et ne savent pas où chercher la liste des praticiens agréés. Notre site internet aftcc.org les recense dans un annuaire. Et, d’autre part, il est vrai que les psychothérapeutes ne prennent pas aussi facilement en charge les patients déprimés que les anxieux ». Cet état de fait ne serait pas dû à un défaut de formation, « ils l’ont tous reçue », mais plutôt à une frilosité de prendre en charge des gens qui vont mal et dont le risque de passage à l’acte est élevé.
(1) The Lancet, publié en ligne le 7 décembre 2012. (2) Rapport de l’Académie de Médecine, publié en 2010, Dr Christine MIrabel-Saron.
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