Physiologie et psychologie

Une articulation rendue possible

Publié le 15/12/2016
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Crédit photo : PHANIE

L’avènement des neurosciences, de la linguistique, des sciences cognitives a transformé le langage de la physiologie et celui de la psychologie en plusieurs afin d'affiner la description des processus mentaux, et de jeter des ponts entre eux. Les différents niveaux descriptifs du produit cérébral usent d’un langage de plus en plus fin, précis : il devient possible peu à peu de les « intégrer dans une langue bien faite ».

Psychanalyse et science du cerveau

C’est ainsi, sur la base de termes bien définis, que la psychanalyse s’articule aujourd’hui avec les sciences du cerveau (2,3,4) et les psychiatres sont les mieux à même de comprendre ce dialogue. D’une part car médecins, ils pratiquent bien souvent la psychothérapie, comme M. Jourdain la prose, avec une intuition d’experts dont l’action navigue entre pharmacopée, effet placebo et parole. D’autre part parce que la société occidentale tout entière somme les médecins « d’articuler ensemble » physiologie et psychologie.

Des débats toujours passionnés

La société d’aujourd’hui a intégré les apports de la psychanalyse tout autant que ceux de la science : elle ne peut admettre que les médecins de l’âme n’établissent aucune connexion entre la pensée et la neuro-imagerie, comme si ces objets étaient disjoints.

Des débats passionnés, pour ne parler que du cas français, se déclenchent à échéance régulière prouvant la vitalité sociétale sur le sujet : qu’il s’agisse de la loi Accoyer (2004), du brûlot antifreudien de Michel Onfray (2010) ou du troisième Plan sur l’autisme (2013) ils ont témoigné, jusque dans l’enceinte parlementaire, de l’extension illimitée de la psychanalyse à tous les champs de réflexion et d’exercice, dont participe au premier chef la psychiatrie. Et si l’exacerbation des clivages peut amener à se poser pour ou contre une psychiatrie nourrie de psychanalyse, c’est d’un point de vue médiatique. Car d’un point de vue soignant, dans son colloque singulier avec chaque patient, chacun de nous sait qu’il ne peut exclure l’hypothèse de l’inconscient, quand il n’en utilise pas intuitivement les leviers.

À l’interface des processus biologiques et psychologiques, le soin psychiatrique se nourrit en 2017, plus que jamais, de toutes les manières de mieux comprendre, afin de traiter au mieux les états mentaux.

 

 

Paris

(1) Delay J. Un médecin devant son temps.Édition des cendres 2016:31
(2) Hochman J, Jeannerod M. Esprit y es-tu ? Odile Jacob 1996
(3) Ansermet F, Magistretti P. A chacun son cerveau. Plasticité neuronale et inconscient Odile Jacob 2011
(4) Ouss L, Golse B, Georgieff N, Widlöcher D. Vers une neuropsychanalyse ? Odile Jacob 2009

Pr Yves Sarfati
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Source : Bilan Spécialiste