Sophie-Hélène Zaimi : radio libre

Publié le 08/04/2022
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Interne en radiologie, Sophie-Hélène Zaimi aime partager son enthousiasme pour la médecine en général, et pour sa discipline en particulier. Et quoi de plus naturel pour une spécialiste de l’imagerie que de le faire sur Instagram, réseau de l’image par excellence ?

Zaimi

Presque 70 000. C’est le nombre d’abonnés qu’affiche le compte Instagram de Sophie-Hélène Zaimi, alias « The French Radiologist ». Autant dire que dans le petit monde des réseaux sociaux médicaux, la jeune femme est une célébrité. Ce qui ne l’empêche pas de mener à bien son internat de radiologie au CHU de Tours : actuellement en inter-CHU à l’hôpital Tenon à Paris, elle travaille à sa thèse sur le prélèvement des ganglions axillaires dans le cancer du sein, et compte bien se spécialiser en imagerie de la femme.

Au départ, pourtant, Sophie-Hélène n’était pas absolument prédestinée à devenir radiologue. « Je savais que je voulais travailler dans la santé dès la fin de l’école primaire, mais j’aurais également pu m’orienter vers la pharmacie », se souvient-elle. Les années passant, cependant, elle se découvre de plus en plus d’affinités pour la médecine, puis pour la dermatologie. « En stage de dermato, j’ai beaucoup apprécié l’idée de faire le diagnostic rien qu’avec les yeux, sans palpation ni stéthoscope », explique-t-elle.

Voilà qui correspond à l’esprit de la jeune étudiante, qui avoue volontiers préférer le diagnostic au traitement (ce dernier est « un peu répétitif, on suit le protocole », estime-t-elle), et qui se décrit comme « ayant une mémoire très visuelle ». C’est alors que, durant la dernière année de son externat, Sophie a une révélation. « J’ai réalisé que ce qui me plaisait le plus dans la dermato, c’était les parties où il y avait de l’imagerie », détaille l’interne. Quelque temps plus tard, un ami lui souffle qu’il la verrait bien en radiologie. Il n’en fallait pas plus pour sceller son destin.

Quand Insta vous tombe dessus

Si la passion de Sophie pour la radiologie a été le fruit d’une lente progression, tel n’a pas été le cas de son activité sur les réseaux sociaux. « Ça m’est un peu tombé dessus, avoue l’interne. Au début, j’avais un compte Instagram qui me servait à classer mes cas de radio : je trouvais cela pratique, cela me permettait de garder plein d’images qu’on ne voyait pas dans les livres. » Mais un jour, Sophie montre son compte à un ami, qui le partage sans la prévenir avec l’ensemble de la promotion. « J’ai rapidement eu 10 000 abonnés et c’est assez vite devenu une sorte de tutorat de la radio » se souvient-elle.

Problème : les images qu’elle partageait ainsi ne lui appartenaient pas. « J’ai dû tout supprimer, avoue Sophie. Mais j’avais une audience, et j’avais envie de continuer. » Elle décide donc d’élargir le champ de ses curiosités. « Depuis, je parle des maladies en général, des dépistages, je partage de l’actu médicale…, énumère-t-elle. Je parle aussi de la vie étudiante, parfois avec de l’humour, en essayant de rester dans la bonne humeur, je sais que cela aide certains à rester motivés. »

Instagram, outil de transmission

Les réseaux sociaux sont donc pour cette Parisienne d’origine devenus un formidable outil de transmission. « J’ai toujours aimé transmettre, aider, peut-être que c’est une vocation inconsciente », s’amuse-t-elle. Et il n’y a selon elle rien de plus beau à transmettre que sa spécialité. « C’est un métier où on change tout le temps, un matin tu es au scan, l’après-midi en IRM, le lendemain en biopsie…, se félicite-t-elle. Et on continue à voir toutes les parties du corps : neuro, thorax, tube digestif… » Une diversité qui n’empêche pas de se spécialiser. « Par exemple, je n’aime pas trop l’imagerie ostéoarticulaire, je n’en fais pas, et je me focalise sur l’imagerie de la femme : l’imagerie du sein, du pelvis, les cancers de l’ovaire, l’endométriose, etc. »

Autre grand avantage de sa spécialité aux yeux de l’interne : son utilité, tout simplement. « Il y a beaucoup de domaines où on ne peut faire de diagnostic qu’avec la radio, que ce soit en médecine interne, en néphrologie, aux urgences… », se félicite-t-elle. Reste à savoir dans quel cadre Sophie imagine son futur exercice. « Je pense que c’est bien de garder au moins un pied à l’hôpital pendant quelques années, cela permet d’avoir des staffs, d’être stimulée intellectuellement… », estime-t-elle. Ce qui ne l’empêchera pas, un jour, de « se jeter dans le grand bain » du libéral… Mais seulement quand elle estimera que le moment sera venu.

Adrien Renaud

Source : Le Quotidien du médecin