L’ACQUISITION du capital osseux se fait pendant l’enfance et l’adolescence, il se constitue dans les trois ans qui suivent la puberté chez la fille et le garçon, période cruciale pour la croissance et la maturation du squelette Chez la fille, deux à trois ans après les premières règles, 95 % de la masse osseuse de l’adulte sont déjà constitués.
Facteurs conditionnant le gain osseux pubertaire.
Plusieurs facteurs interviennent sur le gain osseux pubertaire :
- la génétique joue un rôle très important comme le démontrent les comparaisons de masse minérale osseuse entre les filles dont les mères sont ou ne sont pas ostéoporotiques ; les filles de mères ostéoporotiques ont une masse osseuse plus basse ;
- les facteurs nutritionnels : une alimentation riche en calcium avant la puberté favorise l’acquisition du pic de masse osseuse « mais on ne sait pas si ce bénéfice persiste sur le long terme après l’arrêt de l’apport en calcium », souligne le Dr Catherine Cormier ;
- les facteurs environnementaux : un exercice physique modéré a une influence positive sur l’accumulation de la masse osseuse pendant la période pubertaire. En revanche les sports de compétitions pratiqués de façon intensive réduisent l’acquisition de la masse osseuse à travers l’aménorrhée qu’ils induisent.
Un retard pubertaire, quelle qu’en soit la cause, s’accompagne d’un déficit en masse osseuse qui ne peut être corrigé même en cas d’ installation tardive de la puberté.
Autre situation : une anorexie prolongée chez l’adolescente entraîne une aménorrhée primaire ou secondaire si les règles sont déjà apparues, dont l’effet est délétère sur l’acquisition du pic de masse osseuse. Les adolescentes anorexiques entrent dans la vie adulte avec un déficit de masse osseuse irréversible et un risque augmenté de fracture tout au long de leur vie. Malheureusement les facteurs sur lesquels on peut intervenir (supplémentation calcique, activité physique ) ne suffisent pas à compenser le manque d’acquisition de la masse osseuse en fin d’adolescence.
De 20 ans à la ménopause.
De l’âge de 20 ans et jusqu’à la ménopause, la perte osseuse physiologique est très modeste, pratiquement nulle. Elle peut cependant être aggravée par certains facteurs dont les plus importants sont les aménorrhées secondaires susceptibles d`amputer une partie du capital osseux. Les facteurs environnementaux (insuffisance d’apport en calcium, carence en vitamine D, absence d’activité physique, tabagisme, consommation d’alcool) ont des effets délétères, relativement marginaux comparés à ceux d’une aménorrhée mais qui méritent néanmoins d’être corrigés. Dans cette période, l’apparition d’une ostéoporose fera rechercher une ostéoporose secondaire.
La ménopause.
La ménopause est un tournant décisif, la carence estrogénique est responsable d’une accélération de la perte osseuse. Toutes les femmes auront une perte osseuse maximale dans les trois ans qui suivent la ménopause, mais qui peut aussi apparaître dans les trois ans qui la précèdent, surtout en cas de périménopause chaotique avec des périodes d’hypoestrogénie prolongée.
Le traitement hormonal substitutif, indiqué aujourd’hui uniquement chez les femmes ménopausées qui ont des troubles climatériques gênants, permettra de préserver leur capital osseux.
Chez les femmes non traitées, la perte osseuse est inéluctable, toutefois, toutes ne sont pas également exposées au risque d’ostéoporose, si leur masse osseuse est basse avant la ménopause, le retentissement de la carence estrogénique sera plus importante.
Pour évaluer le risque d’ostéoporose certaines données doivent être systématiquement recherchées : la durée de la période postménopausique, l’existence ou non d’une ovariectomie chirurgicale ou médicamenteuse, un antécédent personnel de fracture pour un traumatisme minime, des antécédents de fractures chez les parents au premier degré (fracture du col fémur, fractures vertébrales), une pathologie susceptible de provoquer une perte osseuse (hyperparathyroïdie, hyperthyroïdie, rhumatisme inflammatoire…), la prise de corticoïde au long cours, un faible poids corporel, une perte de taille (témoin de fractures vertébrales qui dans la moitié des cas ne sont pas douloureuses), mais aussi un faible apport alimentaire en calcium, une carence en vitamine D, un tabagisme, une consommation excessive d`alcool et un manque d’exercice physique qui sont des facteurs aggravants.
Ces données permettent d’orienter le diagnostic et en cas de facteurs de risque avérés de proposer une ostéodensitométrie qui permettra d’évaluer la masse minérale osseuse et le risque fracturaire.
Pour le Dr Catherine Cormier : pas de conflit d’intérêt déclaré.
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