LES DENDRIMÈRES sont des polymères de synthèse hyperbranchés dont la forme ressemble à celle d’un arbre. Grâce à leurs multiples terminaisons pouvant interagir avec des cibles cellulaires et moléculaires, ces arbres moléculaires peuvent prétendre à de multiples applications. Ainsi, des équipes explorent leur utilisation dans la délivrance médicamenteuse, l’imagerie médicale, et l’ingénierie tissulaire.
Une équipe française, dirigée par les Drs Jean-Luc Davignon et Rémy Poupot (INSERM/CNRS/université de Toulouse), a récemment montré qu’un dendrimère d’ABP (azabisphosphonate) cible sélectivement les macrophages au bénéfice d’une action anti-inflammatoire ; l’internalisation du dendrimère dans le monocyte les dirige vers une activation anti-inflammatoire. Si les macrophages sont impliqués dans les phénomènes d’inflammation, ils ont aussi la particularité de se différencier en ostéoclastes, cellules géantes qui dégradent l’os.
L’équipe a donc exploré le potentiel thérapeutique de cette nouvelle famille de dendrimères dans le traitement de maladies inflammatoires chroniques, telle que la polyarthrite rhumatoïde. Concernant environ 1 % de la population, cette affection auto-immune est caractérisée par l’inflammation de l’ensemble des tissus articulaires (cartilage, mais aussi os et membrane synoviale) qui conduit à des déformations articulaires invalidantes.
Inhiber le développement de l’arthrite inflammatoire.
Dans une étude publiée dans « Science Translational Medicine », les chercheurs ont montré que des injections intraveineuses du dendrimère ABP dans deux modèles murins de polyarthrite rhumatoïde (souris IL-1ra-/- ; souris subissant un transfert de sérum K/BxN) peuvent inhiber le développement de l’arthrite inflammatoire. La suppression de la maladie est caractérisée par des membranes synoviales normales, des taux réduits de cytokines inflammatoires et l’absence de destruction du cartilage ainsi que de l’érosion osseuse.
Le dendrimère ABP induit une activité anti-inflammatoire et une activité anti-ostéoclastique, tant in vivo chez la souris qu’in vitro sur des cellules humaines, en inhibant l’expression du récepteur c-FMS sur le macrophage. « Ces démonstrations précliniques suggèrent l’utilisation potentielle du dendrimère ABP en tant que nanothérapeutique dans l’arthrite rhumatoïde », conclut l’équipe.
« Les indications de ce dendrimère ABP sont en premier lieu la polyarthrite rhumatoïde mais aussi d’autres maladies inflammatoires chroniques, avec ou sans résorption osseuse, précise le Dr Jean-Luc Davignon. Les doses administrées aux souris (de 1 à 10 mg/kg) sont compatibles avec les doses thérapeutiques chez l’homme. »
Avant de pouvoir entamer des essais de phase 1 chez l’homme, il reste aux chercheurs à conduire des études réglementaires de toxicologie, pharmacocinétique et biodistribution, même si aucune toxicité n’a été observée chez la souris.
Science Translational Medicine, Hayder et coll. 4 mai 2011.
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