Le rhumatisme psoriasique est associé dans les études animales à une production accrue de cytokines inflammatoires : l’interleukine (IL)-1, le TNF-alpha et très récemment identifiées l’IL-23, l’IL-12, l’IL-17 et l’IL-22. Dans des modèles murins génétiquement modifiés, Wang et col (1) ont montré que la suppression de la protéine Act1, protéine de transport augmentant l’expression de l’IL-17, était associée à une inflammation cutanée et articulaire dépendante de l’IL-22 et une activité accrue des lymphocytes Th17. De même, les souris dont l’expression de l’IL-23 est augmentée développent des enthésites, des érosions osseuses et des ossifications. Ces études ont permis le développement de nouveaux traitements prometteurs chez l’homme, dont certains sont en cours d’enregistrement.
Deux études multicentriques (2-3), randomisées contre placebo, (PSUMMIT1 et 2) ont montré l’efficacité de l’ustekinumab, anticorps monoclonal dirigé contre la sous-unité p40 commune aux IL-12 et IL-23, au cours du psoriasis et du rhumatisme psoriasique. L’étude PSUMMIT1 a concerné 615 rhumatismes psoriasiques naïfs d’anti-TNF et l’étude PSUMMIT2 312 rhumatismes psoriasiques actifs malgré un traitement par DMARDs, AINS et/ou anti-TNF (132 naïfs d’anti-TNF, 180 ayant déjà reçu au moins un anti-TNF). À 24 semaines (PSUMMIT2), la proportion de patients ayant une amélioration d’au moins 20% de l’ACR20 était supérieure dans le groupe ustekinumab (43,8 % vs 20.2 % dans le groupe placebo). Chez les patients sous anti-TNF, 35,6 % de ceux sous ustekinumab avaient une réponse ACR20 vs 14,5 % du groupe placebo. L’amélioration cutanée était aussi observée avec un score PASI (Psoriasis area and severity index) 75 chez 53,8 % des patients traités vs 5.0 % du groupe placebo. Le traitement était bien toléré. De plus l’analyse radiologique réalisée sur les 2 études (927 patients), suggère un effet protecteur de l’ustekinumab, avec à 24 semaines, une progression moins rapide chez les patients traités.
Le rôle de ces cytokines est aussi attesté par l’efficacité de l’apremilast, petite molécule inhibant la phosphodiestérase 4, une enzyme intracellulaire. Elle diminue la production du TNFα et des IL-12 et IL-23. L’étude PALACE1 (4) de phase 3, randomisée contre placebo, a concerné 504 rhumatismes psoriasiques actifs. À 24 semaines, 26,4 % et 36,6 % des patients traités ont eu une réponse ACR20 contre 13,3% du groupe placebo. La molécule, administrée per os, était bien tolérée. Enfin, l’impact de l’IL-17 dans l’atteinte cutanée est illustré par l’efficacité de trois nouvelles biothérapies (5) bloquant son effet (secukinumab, l’ixekizumab et le brodalumab) avec des scores PASI75 autour de 80% (dose la plus efficace) vs 6-9% dans le groupe placebo. Cependant, l’étude de preuve du concept sur le rhumatisme psoriasique est négative avec le secukinumab, un anticorps anti-IL-17A. La taille de l’échantillon était probablement trop petite (42 patients inclus). D’autres études sont en cours.
(1)Wang C et al. Nat Immunol. 2 013 ; 14 (1) : 72 – 81.
(2) Ritchlin C et al. Ann Rheum Dis 2014. doi : 10.1 136/annrheumdis-2013-204655.
(3) Kavanaugh A et al. Ustekinumab, Ann Rheum Dis. 2 014. doi : 10.1 136/annrheumdis-2013-204741.
(4) Kavanaugh A et al. Ann Rheum Dis. 2 014. doi : 10.1 136/annrheumdis-2013-205056
(5) McInnes IB et al. Ann Rheum Dis. 2 014 ; 73 (2) : 349-56. doi : 10.1 136/annrheumdis-2012-202646.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024