C’était dans le monde d’avant l’épidémie de Covid-19. « Juste avant même puisque c’est en janvier 2020 qu’Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, a adressé une lettre à tous les Conseils nationaux professionnels (CNP) pour leur demander de se pencher sur la question de la pertinence des soins. Ce courrier indiquait que nous devions définir le juste soin par le bon professionnel, au bon moment et au bon endroit. Cette lettre mettait aussi en avant des préoccupations médico-économiques, en soulignant la nécessité de réduire la part des prescriptions et des actes non pertinents », explique le Dr Éric Senbel, vice-président du CNP de rhumatologie.
Des propositions opérationnelles
Cette mission, confiée par le ministère, a donc démarré dans un contexte particulier, juste quelques semaines avant la mise en place du premier confinement. « Nous avons réuni un petit groupe de rhumatologues de terrain et nous avons fait plusieurs réunions téléphoniques de travail. D’emblée, la volonté était d’agir de manière très pragmatique pour aider principalement les médecins traitants de premier recours, indique le Dr Senbel. Nous ne souhaitions pas nous lancer dans des recommandations classiques, telles que celles rédigées par exemple par la Haute Autorité de santé (HAS) ou la Société française de rhumatologie (SFR), avec une analyse exhaustive de la littérature. Dans le cadre de ce qui nous était demandé, nous voulions faire des propositions venues du terrain et immédiatement opérationnelles pour les généralistes ».
Quatre thématiques retenues
« Nous avons choisi quatre pathologies très courantes et traitées au quotidien en médecine de ville : les douleurs de l’épaule, l’ostéoporose, la lombalgie et la gonarthrose. Et pour chacune d’entre elles nous avons établi des règles de bonnes pratiques consensuelles et de bon sens, explique Éric Senbel. Par exemple, pour la gonarthrose, nous avons ainsi indiqué que, face à une douleur mécanique de genou chez un patient de plus de 50 ans, seul l’examen clinique était indispensable en première intention. Dans ce cas, ce n’est pas la peine de faire une IRM d’emblée. Pour la lombalgie, l’examen clinique doit systématiquement rechercher une douleur projetée. Pour une douleur de l’épaule, une IRM n’est jamais nécessaire en première intention. Enfin, pour l’ostéoporose, si une première densité osseuse est normale, il n’y a pas lieu de refaire une densitométrie avant cinq ans », détaille le Dr Senbel.
L’arrivée du Covid-19 a bien sûr remis au second plan la demande ministérielle de janvier 2020. « On verra bien quand le ministère reviendra vers nous pour examiner nos règles de bonne pratique qui sont quasi finalisées », indique le vice-président du CNPR.
D’après un entretien avec le Dr Éric Senbel, vice-président du CNP de rhumatologie
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