Les inhibiteurs du co-transporteur sodium-glucose de type 2 (iSGLT2), déjà connus pour être cardio et rénoprotecteurs, semblent bénéfiques dans la goutte en diminuant l’uricémie et le risque de crise incidente. Deux études chez les patients diabétiques de type 2 et goutteux suggèrent que cette nouvelle classe d’antidiabétiques est à privilégier dans cette population.
Des études antérieures avaient montré que les iSGLT2 diminuaient l’uricémie de façon modeste (d’environ 30-50 µmol/L), sachant que cette classe a par ailleurs un effet anti-inflammatoire. Ces nouveaux travaux ont retrouvé des résultats favorables en comparant les risques de crise de goutte, d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral (AVC) et de mortalité globale chez des patients goutteux et diabétiques de type 2 commençant un traitement par iSGLT2 par rapport à ceux initiant d’autres antidiabétiques, à savoir analogues du GPL-1 (aGLP-1) ou inhibiteurs de la dipeptidylpeptidase-4 (ddp4i).
Ces bénéfices sont à prendre en considération, alors que la goutte est une maladie chronique insuffisamment traitée au long cours, par défaut de prescription et d’observance, comme l’a déploré cette année l’Académie de médecine. Outre le risque de destruction articulaire lié aux dépôts d’urate, surviennent dans 3 à 4 % des cas un infarctus du myocarde (IDM) ou un accident vasculaire cérébral (AVC) au cours ou au décours d’une crise. Le risque d’événements cardiovasculaires graves persiste pendant quatre mois après la crise de goutte.
Environ 20 à 30 % de crises en moins
Dans la première étude (1), 1 548 patients (âge moyen 61,8 ans, 84 % hommes) traités par iSGLT2 ont été comparés à 4 538 patients (âge moyen 67,5 ans, 75,4 % hommes) traités par aGPL-1 ou ddp4i. Après ajustement par score de propension, le risque de crise de goutte était diminué de 21 % (RR 0,79, IC 95 % 0,65-0,97) dans le groupe iSGLT2 par rapport au groupe aGLP-1 ou ddp4i. Et le risque de récidive de crise de goutte était diminué de 19 % dans le groupe iSGLT2. Enfin, les iSGLT2 étaient aussi associés à une diminution de 29 % (RR 0,71, IC 95 % 0,52-0,92) de la mortalité globale par rapport aux deux autres traitements. Cette diminution de la mortalité était observée dès la première année de traitement et maintenue sur les 5 ans de suivi.
Dans la deuxième étude, les patients traités par iSGLT2 avaient un risque de crise de goutte diminué de 34 % (RR 0,66, IC 95 % 0,57-0,75) par rapport aux patients traités par ddp4i (2). Cette diminution des crises était associée à une diminution de 48 % des consultations aux urgences et des hospitalisations, de 31 % du risque des infarctus du myocarde et de 19 % de celui des AVC.
Si l’Académie de médecine ne mentionne pas la piste adjuvante des iSGLT2 chez les patients diabétiques, elle insiste de manière générale sur la nécessité du traitement hypo-uricémiant par allopurinol « à introduire dès le diagnostic » et « à maintenir au long cours ». Le traitement hypo-uricémiant (en ciblant une uricémie < 50 mg/l [300 mmol/l]) est efficace. L’allopurinol est à augmenter progressivement par palier et de petites doses de colchicine sont à associer en prophylaxie pendant les six premiers mois de traitement.
La goutte est l’arthrite la plus fréquente en France avec 0,9 % de la population touchée, soit plus de 500 000 personnes. La prévalence de la maladie a doublé dans le monde au cours des trente dernières années, avec un record de 14,5 % en Polynésie française en raison d’un variant génétique.
(1) Wei Jie et al. Jama Open, 2023; 6(8):e2330885
(2) McCormick N et al. Ann Intern Med, 2023;184(6):650-60.
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