Faut-il instaurer une recertification périodique des médecins ? « Je préfère parler de maintien des compétences plutôt que de recertification. C’est un sujet sensible, mais je pense que c’est une bonne chose de s’engager dans cette voie de manière positive et sans rien imposer à un médecin qui ne serait pas volontaire », indique le Pr Olivier Goëau-Brissonnière, président de la Fédération des spécialités médicales (FSM), un acteur clé de la Formation médicale continue (FMC) et de l’Évaluation des pratiques professionnelles des médecins (EPP).
Fondée en 1997 la FSM regroupe aujourd’hui les 47 Conseils nationaux professionnels (CNP) de toutes les spécialités médicales. Organisé autour d’une gouvernance paritaire (libéral, salarié), chaque CNP est chargé de mettre en œuvre le Développement professionnel continu (DPC) de sa spécialité. Pour la rhumatologie, le CNP est le Collège français des médecins rhumatologues (CFMR), qui est donc membre de la FSM.
Courroie de transmission
Désormais, la FSM est un interlocuteur reconnu du ministère pour toutes les questions relatives à la formation, à l’évaluation des pratiques et l’expertise professionnelle. « Dans le préambule de la convention qui nous lie au ministère, celui-ci reconnaît clairement l’intérêt d’avoir un interlocuteur fédérant l’ensemble des instances médicales, quels que soient leur spécialité et leur mode d’exercice. Le ministère souhaite aussi voir se développer les autres missions de la FSM pour améliorer la qualité des soins, en particulier pour tous les sujets liés aux compétences professionnelles et à la pertinence des actes. La FSM structure et assure aussi la qualité des travaux des différentes spécialités médicales qu’elle fédère. Il arrive ainsi que des Agences régionales de santé (ARS) nous sollicitent pour avoir un expert dans telle ou telle spécialité. Ensuite, c’est à chaque CNP de proposer les experts de son choix. Le rôle de la FSM n’est pas d’agir à la place de chaque CNP mais de jouer un rôle de courroie de transmission », plaide le Pr Goëau-Brissonnière.
Recertification : une démarche positive, sans logique de sanction
Sinon, le sujet d’actualité est bien sûr la recertification. Depuis le départ, la FSM soutient la proposition du conseil de l’Ordre d’instaurer une recertification des médecins tous les six ans. Rendue publique fin janvier dans le Livre blanc de l’Ordre, cette proposition a été reprise par Manuel Valls qui lors de sa conférence de santé, mi-février à Paris, a plaidé en faveur de cette recertification pour les nouveaux inscrits à l’Ordre en la laissant sur la base du volontariat pour les praticiens déjà en exercice. La mesure suscite depuis une vive opposition de la CSMF qui la juge « contraignante » ou du Centre national des professions de santé (CNPS) qui la considère « superflue » et « vexatoire ».
Le 22 février, dans les colonnes du Quotidien du Médecin, le président de l’Ordre, le Dr Patrick Bouet, continuait à défendre ce projet. « La recertification est une analyse par les pairs du parcours individuel d'un praticien. Elle permet d'attester périodiquement que le professionnel a suivi une formation continue, qu’il a réalisé un certain nombre d'interventions, annuel et qu’il a suivi les recommandations qui lui ont été faites… Nous souhaitons que cela soit colligé dans un portfolio. La recertification doit permettre des accélérations de carrière ».
Pour le Pr Goëau-Brissonnière, il vaut mieux expliquer la nature du projet. « En aucun cas, il s’agit d’obliger les médecins à repasser un jour leur diplôme. Jamais nous n’avons défendu cette approche qui serait contre-productive. L’objectif est que la profession s’approprie cette régulation des pratiques dans une démarche positive. Nous évoluons aujourd’hui dans un système de plus en plus contraint sur un plan économique, avec des patients dont l’exigence est de plus en plus forte. Dans ce contexte, une régulation des pratiques est nécessaire et il faut que la profession s’empare de ce sujet. Mais je le répète, tout cela doit être mis en place dans un esprit constructif, pas dans une logique de sanction. Et chaque médecin restera propriétaire de son portfolio », indique le Pr Goëau-Brissonnière, en ajoutant que la France pourrait utilisent s’inspirer du Canada. « Là-bas, 97 % des médecins spécialistes s’engagent volontairement dans cette démarche de recertification et le système fonctionne bien ».
D’après un entretien avec le Pr Olivier Goëau-Brissonnière, président de la Fédération des spécialités médicales (FSM)
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