Défini par la
« persistance anormale d’une érection en l’absence de toute stimulation sexuelle », le priapisme est exceptionnel en dehors des pays à risque de drépanocytose (première étiologie mondiale touchant souvent les enfants et adolescents) expliquant une prise en charge inhomogène et trop souvent retardée (1,4,5). Il est provoqué par un dysfonctionnement des mécanismes érectiles et/ou de leur contrôle. La clinique distingue facilement ces deux types physiopathologiques : tout d’abord artériel (1 %) : non ischémique et donc non urgent, provoqué par une fistule artériocaverneuse post-traumatique (chute à califourchon) ou iatrogène (ponction caverneuse), mais aussi veineux (99 %) : réelle urgence urologique du fait des risques d’ischémie aiguë (majeur si› 6 heures) et de séquelles érectiles (majeur si› 24 heures) [1,4,5]. La clinique et la gazométrie caverneuse suffisent en règle générale à déterminer s’il s’agit d’un priapisme veineux au stade ischémique ou non, ce qui conditionne le degré d’urgence, la conduite à tenir et le pronostic fonctionnel.
Le priapisme veineux témoigne de deux anomalies des mécanismes de détumescence (5) :
1/ Un blocage de la recontraction du muscle lisse érectile d’origine (1,2,3,4,5,6) qui peut être iatrogène, neurologique ou toxique.
Iatrogène : impliquant des médicaments à visée pro-érectile (usage récréatif ou dose trop forte en cas d’injection intracaverneuse, androgénothérapie) ou non (antipsychotiques, antidépresseurs, antihypertenseurs, anesthésiants…). L’imputabilité chronologique et pharmacologique doit être systématiquement vérifiée.
Neurologique : traumatisme vertébral/crânien, syndrome de la queue-de-cheval, hernie discale, rétrécissement du canal médullaire…
Toxique : drogues récréatives (type crack ou cocaïne), venins de scorpion…
2/ Une hyperviscosité ou hypercoagulabilité du sang intracaverneux d’origine (1,2,3,4,5,6) hématologique ou iatrogène.
Hématologique : drépanocytose, thalassémies, déficit en glucose 6 isomérase, leucémie myéloïde chronique, myélome multiple, polyglobulies, thrombocytémies…
Iatrogène : solutés hyperlipidiques ou anticoagulants type héparine, warfarine.
Établir le diagnostic physiopathologique et étiologique n’est en rien accessoire. Au contraire, c’est une étape indispensable pour orienter la prise en charge thérapeutique et éviter la récidive (1,4,5). Le priapisme peut être aussi le symptôme révélateur de pathologies aiguës ou chroniques (hématologiques, neurologiques, iatrogènes…) potentiellement dangereuses ou invalidantes (1,2,3,5). Le diagnostic étiologique repose avant tout sur la clinique et la paraclinique (bilan hématologique et dosage de toxiques). Mais en pratique, il reste souvent probabiliste ou idiopathique, les facteurs favorisants étant souvent intriqués ou imprécis (1,2,3,5,6). Pour cette raison, le priapisme survenant sur un terrain à risque (traitement de l’insuffisance érectile ou anémie hémolytique endémique) doit être distingué des autres priapismes où les principaux facteurs étiologiques (hématologiques, iatrogènes et toxiques) sont à rechercher de principe.
(1) Broderick GA et al. J Sex Med 2010;7:476-500
(2) Gottsch HP et al. Advance in Urology 2012;2012:672624
(3) Kulmala R et al. Eur Urol 1995;28:241-5
(4) Salonia A et al. Eur Urol. 2014;65:480-9
(5) Stackl W et al. ICED 1999, Health Publications Ltd 2000:559-72
(6) Stein DM et al. J Sex Med. 2013 ;10:2418-22
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