LES DERNIÈRES recommandations de l’Association française d’urologie (AFU) en matière d’infections urinaires nosocomiales datent de 2002 (1). Elles doivent être mises à jour en 2012, en partenariat notamment avec la Société française d’hygiène hospitalière (SFHH) et la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF).
Entre-temps, la prévention du risque infectieux, notamment des infections du site opératoire, a fait l’objet en 2004 d’une conférence de consensus (2) qui va être révisée également en 2012. Et, en 2010, la SFHH a publié des recommandations sur les infections liées aux soins (3), terminologie retenue depuis 2007 pour tenir compte de la diversité des structures et des systèmes de soins. Selon le Comité technique des infections nosocomiales et des infections liées aux soins, « l’infection associée aux soins (IAS) englobe tout événement infectieux en rapport plus ou moins proche avec un processus, une structure, une démarche de soins, dans un sens très large. Elle comprend l’infection nosocomiale, au sens de contractée dans un établissement de santé, et couvre également les soins délivrés en dehors des établissements de santé ».
Ainsi, une infection est dite associée aux soins si elle survient au cours ou au décours d’une prise en charge (diagnostique, thérapeutique, palliative, préventive ou éducative) d’un patient, et si elle n’était ni présente, ni en incubation au début de la prise en charge.
Lorsque l’état infectieux au début de la prise en charge n’est pas connu précisément, un délai d’au moins 48 heures ou un délai supérieur à la période d’incubation est couramment accepté pour définir une IAS. Pour les infections du site opératoire, on considère habituellement comme associées aux soins les infections survenant dans les trente jours suivant l’intervention ou, s’il y a mise en place d’un implant, d’une prothèse ou d’un matériel prothétique dans l’année qui suit l’intervention.
Les infections survenant en postopératoire sont classées en trois types : superficielles (abcès de paroi par exemple), profondes (telles qu’un abcès dans une loge de néphrectomie) et infections d’espace, dont font partie les infections urinaires.
« Les infections urinaires représentent environ 30 % des cas d’IAS, l’infection urinaire étant définie par l’association fièvre et bactériurie ou, en cas d’apyrexie, par la présence de signes inhabituels par rapport aux suites attendues. Après une urétéroscopie, la survenue de brûlures mictionnelles et d’impériosité doit être considérée comme anormale, tandis que la présence d’impériosités après une résection prostatique est tout à fait banale », rappelle le Dr Franck Bruyère.
Questions-réponses.
À l’occasion de la mise à jour en 2012 des recommandations de 2002, le groupe de travail doit répondre à un certain nombre de questions, parmi lesquelles la définition des différentes infections, les modalités de recueil des urines pour un examen cytobactériologique, l’intérêt de la bandelette urinaire, l’épidémiologie bactérienne et son impact sur l’antibiothérapie, la place du traitement systématique chez certains sujets à risque (immunodéprimés, porteurs de prothèse, diabétiques...), l’intérêt du dépistage nasal des porteurs de staphylocoque doré, la gestion des sondes vésicales en pré- et en postopératoire, les contrôles bactériologiques postopératoires, les méthodes pouvant remplacer les sondages, les mesures préventives (probiotiques, canneberge). Les réponses à ces questions se font sur la base de l’analyse de la littérature, ce qui représente bien sûr un énorme travail.
« Pour les urologues, l’infectiologie constitue un enjeu majeur puisque les problèmes infectieux sont parmi les plus fréquents dans notre pratique et que nous utilisons de plus en plus d’antibiotiques. À l’heure où les équipes mobiles d’infectiologie se développent dans les centres hospitaliers, les urologues doivent absolument mieux se former à l’infectiologie afin de ne pas perdre, à terme, la gestion des antibiotiques », conclut le Dr Franck Bruyère.
D’après un entretien avec le Dr Franck Bruyère, responsable du comité d’infectiologie de l’AFU, urologue au CHRU de Tours.
(1) Infections urinaires nosocomiales. Conférence de consensus co-organisée par la Société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF) et l’Association française d’urologie (AFU).
(2) Gestion préopératoire du risque infectieux. Conférence de consensus organisée par la Société française d’hygiène hospitalière (SFHH).
(3) Surveiller et prévenir les infections associées aux soins. Société française d’hygiène hospitalière.
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