Christian* a commencé sa carrière en tant que médecin urgentiste dans les années quatre-vingt. Au début, vacataire au SAMU de Créteil, il exerce ensuite en tant que médecin généraliste pendant deux ans en Corrèze. « L’envie de faire de la médecine d’urgence de manière rurale en ville », le pousse à créer en 1986 une structure SOS Médecins en Essonne. Elle compte à présent vingt médecins. Depuis, Christian y consacre 100 % de son activité. De fait, les médecins de cette structure ne sont pas autorisés à exercer une autre activité libérale, mais peuvent travailler à temps partiel à l’hôpital.
Le généraliste effectue 35 heures de vacation à SOS Médecins réparties ainsi : un tiers sur les plages horaires de nuit, un second pendant les jours fériés et le troisième pour les visites de jour. Dans son cas son emploi du temps est uniquement constitué de visite à domicile, avec une moyenne de 1,6 patients par heure. Mais ce planning n’est pas figé. Les praticiens peuvent en se concertant adopter les horaires à leur convenance, précise-t-il.
Un chiffre d’affaires à nuancer
Du point de vue financier, le droit d’entrée chez SOS Médecins nécessite un apport personnel qui donne accès aux structures. Il varie entre 80 000 et 100 000 euros. S’y ajoutent des frais de fonctionnement : la régulation autofinancée par les médecins, le secrétariat, l’entretien et la location des locaux, et l’abonnement au logiciel métier. « Ce coût devenu significatif aujourd’hui n’existait pas auparavant », note Christian. « Mutualiser les différentes charges constitue le gros avantage d’un cabinet de groupe » ajoute-t-il.
L’autre dépense à prévoir consiste dans l’achat d’un véhicule. Christian, par expérience, conseille le leasing, et a choisi un véhicule « fiable et sécuritaire » : coût à l’année de 22 752 euros, non comprise l’assurance du véhicule. Cette charge, le médecins l’optimise via son contrat à la MACSF, une mutuelle réservée aux professionnels de santé. « Ils ont un forfait qui permet de s’assurer en tant que professionnel de santé et donc de payer moins cher » renchérit-il.
Du côté des recettes, elles sont souvent supérieures à celles des autres médecins libéraux, tout en gardant en tête, comme le calcule Christian, qu’après déduction faite des charges, il reste au final un tiers du chiffre d’affaires réalisé. « Le chiffre d’affaires, même important, est en réalité toujours rattrapé par les charges… A posteriori et, parfois, selon son activité, avec un décalage important » alerte Christian.

Une pratique qui permet une grande liberté
Au nombre des avantages de cette pratique, arrivent en tête la possibilité d’organiser à sa convenance son emploi du temps, de poursuivre ainsi d’autres activités ou se consacrer à sa vie de famille. Un parent peut, par exemple, aller chercher son enfant tous les jours à la sortie de l’école. « Pour ma part, je participe à l’activité politique de SOS Médecins, certains sont musiciens de haut niveau, d’autres ont créé des structures à l’étranger en condensant leurs vacations. Nous avons aussi un médecin qui est skipper. C’est une possibilité pour développer une autre vie à côté », raconte-t-il.
Un autre avantage appréciable aux yeux de Christian est de pouvoir faire face aux aléas : la maladie d’un proche ou un accident. Si un médecin s’absente 6 mois, les patients ne s’alarment pas car, dans cette structure de soin, ils n’appellent pas un médecin en particulier. Aucun de risque de perdre sa patientèle. « Très rares sont les exercices avec une telle sécurité, souligne-t-il. Si un praticien a besoin, un jour, de travailler plus pour l’achat d’une maison, il peut augmenter son nombre de vacations. »
C’est un exercice particulier, très spécifique. Moi, ce challenge me passionne
Dr Christian
L’inconvénient majeur peut éventuellement résider dans l’impossibilité d’être médecin traitant. Pourtant, le fait que les patients soient toujours différents ne dérange que très relativement Christian qui conclut : « Découvrir systématiquement un nouveau patient est extrêmement excitant. J’ai 20 minutes pour que le patient me fasse confiance, qu’il me raconte son histoire, pour l’examiner, lui prescrire un traitement. C’est un exercice particulier, très spécifique. Moi, ce challenge me passionne. »
* Le nom a été modifié
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