Alors que les questions de démographie médicale et de difficultés d’accès aux soins font grand bruit ces dernières semaines, notamment autour de la proposition de loi du député Guillaume Garot, certains médecins retraités ont décidé de sortir de leur paisible retraite pour retrousser leurs manches… et venir en aide à la population. Mais ils se heurtent rapidement aux procédures d’évaluation de compétences gérées par l’Ordre.
Tel est le cas du Dr Michel Daunay médecin généraliste retraité qui souhaite reprendre du service à 77 ans. La décision du CNOM est de le laisser exercer en autonomie sous la responsabilité d’un médecin généraliste MSU comme un étudiant SASPAS tout en mettant à jour ses connaissances en suivant un DU de médecine générale, si besoin en distanciel. Plusieurs ont partagé des expériences similaires, comme cette médecin intervenant sous le pseudonyme Carélie qui explique « Il m'est arrivé un parcours semblable lors de ma demande de réinscription pour reprendre une activité. Il fallait passer devant un jury qui devait juger de ma capacité à exercer ». Ancien maître de conférences en anthropologie sociale durant 26 ans et ancienne médecin-expert judiciaire honoraire durant 30 ans, il lui a finalement été répondu « qu'à 72 ans elle était trop vieille pour reprendre les expertises judiciaires… ». Toutefois sa réinscription assortie de la cotisation ordinale furent possibles ! Plusieurs lecteurs dénoncent la manière de l'Ordre d'orchestrer ce protocole. « Un collègue qui faisait jusque-là de la gériatrie, s'est retrouvé devant trois experts. Comme par hasard, les questions ont porté sur le suivi de grossesse et les vaccinations des enfants. Perso, je connaissais par cœur le tableau vaccinal jusqu'à la fermeture de mon cabinet en mars 2021 », rapporte Dominique_12.
Une validation approuvée par certains
Toutefois, certains trouvent ce contrôle tout à fait normal. Sylvie H_7 estime qu’ « un arrêt d activité de plus de 3 ans oblige à faire un bilan de compétences…Que l’on s’assure qu’un ancien puisse reprendre du service me paraît bien normal, et c’est de la compétence des conseils départementaux ». Certains s’expriment avec plus de nuances, comme Pierre 56 : « Je voudrais bien connaître les résultats des bilans de compétences de ceux qui actuellement exercent autour de vous. Pourquoi ne sont-ils pas régulièrement réalisés ? Et tous les médecins généralistes sont-ils vraiment au fait des dernières recommandations ? Trois ans comme limite de bilan de compétences, pensez-vous vraiment que les connaissances médicales sont obsolètes au bout de trois ans ? »
Ces interrogations donnent en effet matière à réflexion, notamment sur l’aptitude des personnes qui vérifient les-dites connaissances. Anne_Y le fait remarquer : « Si un médecin senior ayant arrêté la pratique depuis 10 ans est apte ou pas à reprendre du service ne devrait être apprécié que par un confrère chevronné en pleine activité, avec un exercice en binôme pendant une dizaine de jours, gardes et VAD incluses, exactement comme pour un jeune étudiant médecin qui fait son stage chez un généraliste avant de s'installer. Le travail de terrain n'exclut pas des questions de connaissances médicales, comme font tous les MSU. Et cela passe par les confrères. »
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