On n’éradique pas comme cela une maladie millénaire ! En 1882, le Dr Robert Koch a découvert le bacille à l’origine de la tuberculose permettant de rendre possible son diagnostic et son traitement. Un siècle et demi plus tard, un traitement efficace existe et tous les outils diagnostiques sont disponibles. Pourtant… des rapports multiples, des tribunes, des appels d’associations se succèdent encore et toujours pour proposer les dates théoriques de son éradication. Chaque année, on recule 2020… 2035… Une tribune du 24 mars 2011 dans Le Monde signée par des parlementaires français avait déjà dénoncé « l’inertie politique pour lutter contre cette maladie évitable qui gagne du terrain ». À Paris, 2018 est la 3e année de hausse consécutive de l’incidence de la tuberculose : 20 cas pour 100 000 habitants versus 14,4 en 2015, avec 45 % de cas chez des populations socialement défavorisées dites en grande précarité. Sans compter les formes résistantes aux traitements de plus en plus observées.
Ne soyons pas trop sévères. D’après les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la lutte antituberculeuse menée dans le monde a permis de sauver déjà 54 millions de personnes depuis l’an 2000 et de réduire le taux de mortalité de 42 %. Son éradication totale exige avant tout de casser un cercle vicieux complexe entre pauvreté, inégalité d’accès aux soins et tuberculose. Un vœu pieux car l’argent est le nerf « mondial » de toutes les guerres. Les 9 et 10 octobre à Lyon, Le Fonds mondial renouvellera sa collecte de fonds de 14 milliards de dollars, en expliquant que cela réduira de moitié les taux de mortalité imputables au VIH, à la tuberculose et au paludisme.
Dans ce sens, l’initiative internationale intitulée « Find. Treat. All. #EndTB » (Trouver. Traiter. Tous) s’inscrit dans le cadre de la campagne de l’OMS en faveur de la couverture sanitaire universelle. Mais il s'agit aussi de construire des systèmes de santé plus solides et plus efficaces pour lutter contre une maladie devenue à l’évidence sociétale.