Il y a parfois loin de la coupe aux lèvres, mais à Chicago où se tient jusque demain le plus grand congrès mondial sur le cancer, celui de l'American Society of Clinical Oncology (Asco), les résultats obtenus grâce à l’immunothérapie et aux nouvelles chimiothérapies sont étonnants. Et ce d’autant plus, qu’ils portent sur des cancers aux pronostics sévères.
Mélanome avancé
Les résultats d'un essai clinique ont une nouvelle fois confirmé le potentiel prometteur de l'immunothérapie pour prolonger la survie de patients atteints d'un mélanome avancé. Illustration de l'efficacité du pembrolizumab (Keytruda) , environ 40% des 655 malades traités pendant un peu plus de onze mois avec cette molécule, qui dope le système immunitaire pour attaquer les cellules cancéreuses, étaient encore en vie trois ans après le diagnostic. La durée médiane de survie parmi tous les patients de cet essai clinique a été d'environ deux ans, et 15% ont eu une rémission complète. Les chercheurs ont précisé que le taux de survie à trois ans avec les anciens traitements contre le mélanome, notamment la chimiothérapie, était de 10 à 20%. Avant l'apparition du premier traitement du mélanome par immunothérapie en 2011, l'espérance de vie après le diagnostic était inférieure à un an, ont indiqué les chercheurs.
Cancer de la vessie
L’immunothérapie se développe aussi dans les cancers génito-urinaires. Jusqu’à très récemment, les possibilités thérapeutiques contre le cancer de la vessie étaient limitées avec essentiellement l’utilisation de différentes chimiothérapies cytotoxiques comme le cisplatine, qui permet d’envisager une survie moyenne de 12 à 15 mois. Depuis peu, les nouvelles immunothérapies donnent des résultats encourageants pour traiter cette pathologie. Des données préliminaires d’un essai clinique mené avec l’anticorps anti-PD-1, atezolizumab (Tecentric®), aurait permis de réduire des tumeurs avancées de la vessie chez un quart des 119 patients enrôlés. Traités en première intention sous atezolizumab, car trop affaiblis pour une chimiothérapie classique, les patients ont survécu en moyenne 14,8 mois.
Les chercheurs de l’Institut Gustave Roussy, sous la houlette du Dr Christophe Massard (chef du comité essais précoces au sein du DITEP et oncologue), ont également présenté les résultats intermédiaires encourageants du profil de sécurité et d’efficacité du durvalumab chez des patients atteints d’un cancer vésical inopérable ou métastasique et en échec de traitement. Le durvalumab est un anticorps anti PD-L1 qui lève l’inhibition du système immunitaire induite par la fixation du ligand PD-L1, exprimé par les tumeurs, sur les récepteurs PD-1 et CD 80 des lymphocytes T.
Avec un taux de réponse objective de 38,1 %, les résultats de cet essai sont encourageants. Ce taux de réponse apparaît dépendre de la présence de PD-L1 puisqu’il atteint 53,6 % si la tumeur ou son micro-environnement exprime le ligand PD-L1, voire 61,1 % si PD-L1 est exprimé dans le micro-environnement tumoral uniquement. Le durvalumab semble relativement toléré. 64% des patients ont présenté des effets secondaires gérables dont les plus fréquemment observés étaient fatigue et diarrhée.
Cancer du pancréas
Un essai clinique, l'un des plus vastes jamais effectué sur la cancer du pancréas, avec 732 malades, a montré que le fait de combiner du Xéloda (capécitabine) et du Gemzar (gémcitabine) procurait, après chirurgie, un gain de survie de près de 30% à cinq ans, contre 16% chez ceux traités seulement avec le Gemzar, traitement standard actuel. Cet essai européen a été coordonné par le Pr John Neoptolemos, de la faculté de médecine de l'université de Liverpool. Les travaux à venir chercheront à mettre au point des tests permettant de prédire quels malades sont les plus susceptibles de bénéficier de cette chimiothérapie combinée, précisent les chercheurs.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation