Malgré 40 ans de baisse de la morbi-mortalité cardiovasculaire (CV), ces pathologies restent la deuxième cause de mortalité en France chez les hommes. Et à âge égal, le taux de mortalité d’origine CV des hommes est plus élevé que celui des femmes (300 vs 190 pour 100 000 personnes en 2010). « D’où l’importance d’un dépistage systématique des facteurs de risque CV dès 50 ans, préconise le Pr Patrick Assayag, vice-président de la Fédération française de cardiologie, les infarctus du myocarde survenant chez les hommes de plus en plus tôt. »
Le sexe masculin pénalisant
Tous les scores de risque considèrent qu’au même âge et pour le même nombre de facteurs de risque cardiovasculaire, l’homme est plus en danger que la femme, comme l’index SCORE basé sur l’âge, le sexe, le tabagisme, la pression artérielle systolique et le cholestérol. Il est souvent supplanté par une évaluation plus large basée aussi sur les antécédents personnels et familiaux, l’HTA, le diabète, une dyslipidémie, le tabagisme et sédentarité. Dans les deux cas, le sexe masculin est considéré comme un facteur de risque indépendant, de même que l'âge supérieur à 50 ans chez l’homme vs 60 chez la femme.
Même chose dans les recommandations 2018 de la Société française de cardiologie pour les épreuves d’effort (EE), dont les indications pour la recherche d’une coronaropathie dépendent de la probabilité clinique pré-test, basée sur l'âge, le sexe et le type de douleur. Les indications de l’EE ont été élargies, puisqu’elles sont préconisées dès lors que la probabilité pré-test de coronaropathie est intermédiaire, voire même lorsqu’elle est faible mais avec un risque CV élevé. En pratique, cela revient à dire que l'EE devrait concerner une forte proportion d’hommes dès 50 ans.
Dysfonction érectile et risque CV
Si l’association dysfonction érectile – HTA est connue depuis longtemps, en 2018 la Société française d’HTA a voulu se montrer plus précise sur ce sujet. Dans l’évaluation du risque CV chez les hypertendus, la société savante recommande de prendre en compte non seulement l’atteinte des organes cibles (que le SCORE sous-estime) mais aussi le facteur de risque particulier qu’est la dysfonction érectile. On sait que si les hypertendus ont un surrisque de dysfonction érectile (DE) compris entre 35 % et 66 %, 18 % des hommes de plus de 40 ans souffrant d’une dysfonction érectile auraient une HTA méconnue. Autrement dit, elle doit conduire à rechercher une hypertension artérielle. « De plus, une DE chez un patient hypertendu est un facteur de risque cardiovasculaire corrélé à la survenue d’une complication cardiovasculaire dans les années à venir », insistent les experts.
Conséquences du tabac
En ce qui concerne le tabagisme, les hommes semblent légèrement moins vulnérables, puisqu'à tabagisme égal, tous âges confondus, le risque relatif de maladie coronarienne est inférieur de 25 % chez les hommes par rapport aux femmes. Néanmoins, le tabagisme reste dans les deux sexes directement responsable de 70 à 80 % des infarctus du myocarde de moins de 50 ans.
Outre ses méfaits cardiaques, le tabac augmente le risque d'AVC de façon dose-dépendante. Comme pour les maladies coronariennes, il n’y a pas de seuil en dessous duquel le risque disparaît.
Une étude récente a conclu que le risque d’avoir une maladie coronarienne ou de faire un AVC augmentait de 48 % chez les hommes et de 57 % chez les femmes par rapport aux non-fumeurs… dès qu'ils ou elles fument une seule cigarette par jour. « Il n’y a pas de seuil en dessous duquel le tabac est sans risque, insiste le Pr Daniel Thomas, président de la Fédération française de cardiologie, car les personnes qui fument une à quatre cigarettes par jour présentent un risque de décès par maladie cardiaque ischémique triple par rapport aux personnes n’ayant jamais fumé. »
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