Chez l’homme, toutes les études épidémiologiques, en particulier la grande étude Isaac montre que l’asthme est plus fréquent chez les individus de sexe masculin avec un sex-ratio (homme/femme) d’au moins 2/1. Une des explications pourrait être un surdiagnostic de l’asthme chez les garçons, en raison de l’existence d’un syndrome de Yentl au cours de l’asthme. Décrit en 1991 en cardiologie par Bernardine Healy, ce syndrome existe aussi au cours de l’asthme et d’autres affections chroniques (néphropathies). Dans la plupart de ces affections, il s’explique davantage par des tableaux cliniques différents, rendant le diagnostic plus facile chez l’homme que chez la femme, plutôt que par la « plus grande attention des mères à la santé des garçons » classiquement mise en avant.
35-40 ans, l’âge de tous les dangers
Par ailleurs, l’exposition aux allergènes varie aussi selon le sexe. Malgré une parité qu’ils tentent d’assumer dans tous les domaines, les hommes ont moins souvent d’allergies aux fruits et aux légumes que les femmes qui continuent à faire davantage la cuisine que les hommes.
En revanche, le tribut payé aux allergies professionnelles semble plus lourd chez l’homme avec des symptômes respiratoires (rhinite et/ou asthme) ou cutanés (dermatoses irritatives, dermatite atopique). On dénombre 455 substances considérées comme allergisantes. Les métiers (et les allergènes) le plus souvent concernés sont la boulangerie et la pâtisserie (farines, levures, acariens de farine, papillons comme Ephestia kueniella), le nettoyage (parfums, conservateurs), la santé (latex, glutarhaldéhyde, produits hydroalcooliques, médicaments), le bâtiment et l’industrie mécanique (ciments, enduits, peintures), l’agriculture (produits phytosanitaires et pollens) et le travail en forêt (dermatose, allergies aux chenilles processionnaires du chêne). à eux seuls, ces secteurs sont responsables de 70 % des asthmes et 60 % des dermatoses atopiques. Le facteur favorisant principal des dermatoses est l’humidité des mains.
Ces allergies touchent des personnes jeunes entre 35 et 40 ans. Les eczémas allergiques de contact sont plus fréquents chez les hommes. Les variations selon le genre sont liées à une plus ou moins forte surreprésentation selon les métiers (boulangers, pâtissiers, métiers du bâtiment, mécanique).
L’adolescence, autre période à risque
Autre période critique chez l’homme vis-à-vis de l’allergie : l’adolescence. La gravité de l’asthme et des allergies est indiscutablement plus importante à cet âge de la vie. C’est à cette période que l’on trouve le plus de comportements inappropriés : déni de la maladie allergique ; arrêt du traitement de fond (pour l’asthme) ; négligences envers les mesures préventives comme l’éviction des allergènes ou le port des stylos auto-
injecteurs d’adrénaline ; tabagisme ou encore utilisation de drogues dites « récréatives ».
Côté traitement, les médicaments anti-allergiques (en particulier, les antihistaminiques H1) et l’immunothérapie allergénique (ITA) sont indiqués tant chez l’homme que chez la femme (sauf l’ITA qui ne doit pas être commencée pendant la grossesse mais qui peut être maintenue pendant celle-ci). L’immense majorité des ITA est effectuée chez les enfants et les adultes jeunes. Cependant, il n’existe pas de traitements préférentiels chez l’homme et en fonction de l’âge.
Les caprices de l’anaphylaxie
L’anaphylaxie répond aussi à des variations de genre. Dans les deux sexes, sa fréquence est en augmentation, en partie en raison de la multiplication des situations d’exposition aux allergènes. En 2011, en Floride, Harduar Morano et coll. ont individualisé, parmi 2 700 cas d’anaphylaxie survenus en 2005-2006, des sous-groupes où l’anaphylaxie était plus fréquente chez les enfants de sexe masculin âgés de moins de 4 ans (8,2 pour 100 000), et chez les adultes de sexe féminin de 15-45 ans (9,9 pour 100 000). L’AIEPIA (anaphylaxie induite par l’exercice physique et l’ingestion d’aliments) est beaucoup plus fréquente chez les hommes, surtout les adultes jeunes. Cela tient surtout au fait que les hommes ont des comportements à risque plus fréquents comme faire une activité physique après un repas et/ou aux heures chaudes de la journée. Les comportements à risque sont surtout observés chez les adolescents.
Article suivant
Arthrose, quand le sexe fort paie ses erreurs de jeunesse
La vie professionnelle, période à risque d'allergie
Arthrose, quand le sexe fort paie ses erreurs de jeunesse
HBP, des formes de plus en plus précoces
Des vaccins et des hommes
Comment la médicalisation de la dysfonction érectile a changé la donne
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation