Pas mieux qu’un placebo… Dans un article du Lancet publié aujourd’hui, une équipe Australienne jette un pavé dans la mare en suggérant que le paracétamol n’aurait qu’un intérêt limité dans la lombalgie aigue.
Alors que l’utilisation de cet antalgique en première intention fait consensus, les auteurs s’interrogent sur le bien fondé de ces pratiques.
Cette remise en question repose sur les résultats d’une étude randomisée contrôlée en double aveugle contre placebo réalisée chez près de 1650 patients souffrant d’un épisode aigu de lombalgie. Près d’un tiers (550) a bénéficié d’un traitement régulier par paracétamol, un autre tiers (546) s’est vu prescrire du paracétamol « si besoin » tandis que le dernier tiers (553) recevait un placebo. Par ailleurs, tous les patients ont bénéficié de conseils pratiques et ont été suivis pendant 3 mois.
Même temps de récupération que sous placebo
Pendant ce suivi, aucune différence significative n’a été mise en évidence entre les 3 groupes que ce soit en termes de temps de récupération (17 jours en moyenne dans les groupes paracétamol et 16 jours dans le groupe placebo), d’intensité de la douleur, d’amélioration fonctionnelle, de qualité de sommeil ou de qualité de vie.
«Les antalgiques simples comme le paracétamol pourraient ainsi ne pas être primordiaux dans la gestion de la douleur de lombalgie aiguë", estime le principal auteur de l’étude, le Dr Christopher Williams (Université de Sydney, Australie).
Des recommandations à revoir ?
Forts de ces données les auteurs s’interrogent sur le bien fondé des recommandations concernant la prise en charge des lombalgies aigues qui prônent "de façon universelle" l’usage du paracétamol en première intention.
"Nos résultats suggèrent que nous devons reconsidérer ces recommandations" estime le Dr Christopher Williams.
Dans un commentaire qui accompagne l’article, Bart Koes et Wendy Enthoven (Erasmus MC University Medical Center , Rotterdam) tempèrent le propos : "Williams et ses collègues méritent d'être applaudis pour avoir abordé cette question de recherche sur un sujet resté longtemps non débattu et sans élément de preuve » reconnaissent ces spécialistes. Cependant, « bien que les résultats de cet essai de haute qualité soient clairs, le contenu des guidelines ne devrait pas être modifié sur la base d'un seul essai. Des preuves plus solides et cohérentes, y compris dans d'autres populations, sont nécessaires ... ».
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