Environ deux tiers des personnes atteintes de syndrome de l’intestin irritable (SII) observent un lien entre leur prise alimentaire et la survenue de leurs symptômes. Pas étonnant, donc, qu’il existe un intérêt croissant autour de la prise en charge diététique de cette pathologie.
L’une des approches ayant le vent en poupe consiste à réduire certains hydrates de carbone FODMAPs (Fermentable Oligo-, Di-, Monosaccharides and Polyols). En quelques années, le régime pauvre en FODMAPs a gagné en notoriété, au point que sa popularité dépasse celle du régime sans gluten. Il était par exemple connu en 2017 par 52 % des patients atteints de SII selon une étude réalisée par l’association APSSII (Association de patients souffrant du syndrome de l'intestin irritable), contre 7 % en 2013. Ces carbohydrates non absorbés peuvent entraîner des symptômes tels des diarrhées via un effet osmotique et des douleurs abdominales, des ballonnements et des flatulences suite à leur fermentation dans le côlon.
Selon les études, le régime pauvre en FODMAPs améliorerait environ un patient sur deux. Mais dans le grand public ou chez les colopathes, il n’est pas sans danger. De par les restrictions multiples et strictes qu’il impose, ce régime, très difficile à suivre au quotidien, expose à un risque bien réel de carences nutritionnelles, principalement en micronutriments (zinc, fer, calcium), mais aussi d’orthorexie alimentaire. D’où un encadrement nécessaire par un médecin et un diététicien .
Pré-requis Un prérequis indispensable mais difficile à obtenir est la quantification précise de la consommation en FODMAPs des patients, avant de débuter un régime si contraignant et probablement inutile s’ils en consomment déjà peu. « Avant de le prescrire, il faut aussi éliminer un trouble du comportement alimentaire, passé ou présent, avertit le Dr Chloé Melchior (service d'hépato-gastroentérologie du CHU de Rouen, INSERM U1073), car cela peut par exemple déstabiliser ou réactiver une anorexie, même guérie ». Avant de proposer ce type de régime, « il faut également éliminer une surconsommation, de graisses par exemple (recommandations dans le SII de moins de 40-50 g/j) ou de fructose (<50 g/j), qui peuvent entraîner des symptômes digestifs. L’intolérance au lactose est également fréquente et peut mimer un SII. »
En pratique, lorsqu’il est entrepris, le régime doit être conduit de manière stricte sur quatre à six semaines au maximum (moins de 3 g/j), suivi de la réintroduction séquentielle de chaque catégorie de FODMAPs afin de repérer les plus délétères et la quantité tolérée. Le patient poursuit alors avec un régime non plus strict mais appauvri en FODMAPs, avec généralement moins de 9 g d’hydrates de carbone par jour.
Par ailleurs, les effets à long terme sur le microbiote commencent à être observés, avec un déséquilibre plutôt préoccupant de la flore bactérienne colique. Par conséquent, « il peut parfois être utile d’y associer des probiotiques, ajoute Chloé Melchior, parmi ceux qui ont fait l’objet d’études positives dans le SII, avec une efficacité souvent modérée. »
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