Essai de traitement précoce ou de chimioprophylaxie en ambulatoire, collecte de données sémiologiques spécifiques aux patients vus en ville, remontée des problématiques organisationnelles rencontrées en soins primaires, etc. : en marge des grandes études médiatiques menées à l’hôpital, la recherche sur le Covid-19 tend de plus en plus à se tourner vers la ville et au moins une vingtaine de projets impliquent des médecins de famille, selon le Collège de la médecine générale. Le Généraliste s’est penché sur ces initiatives et vous propose de découvrir chaque jour l’une d’entre elles. Aujourd’hui focus sur le projet Coverage.
Alors que le déconfinement va s’accompagner d’une large pratique de repérage et diagnostic précoce des personnes infectées, l’idéal serait de pouvoir proposer en parallèle un traitement précoce aux personnes les plus fragiles. Mais avec quelle molécule ? Alors que de nombreux essais hospitaliers se concentrent actuellement sur la prise en charge des formes sévères en milieu hospitalier, l’essai Coverage va tenter de répondre à cette question en testant quatre stratégies de traitement précoce en ville.
Promu par le CHU de Bordeaux en partenariat avec le département universitaire de médecine générale local, l’Inserm, l’université de Bordeaux et le collège national des généralistes enseignants, ce travail a été lancé le 17 avril. Il s’agit d’un essai clinique randomisé en ambulatoire qui évaluera quatre médicaments à la phase précoce de la maladie : l’hydroxychloroquine, le telmisartan, l’imatinib, et le favipiravir avec un bras comparateur (complément alimentaire à base de zinc). Seront concernés, les patients Covid de 65 ans ou plus, ayant des symptômes depuis moins de 72 heures et sans critère d’hospitalisation. Chaque traitement sera pris sur dix jours, assorti d’un suivi de quatre semaines. Cette étude mise sur un nombre minimal de 800 patients pour se prononcer sur l’efficacité ou la non-efficacité de ces molécules. Le critère d’évaluation premier sera l’hospitalisation ou un décès dans les 14 jours après l’initiation du traitement.
Des traitements initiés directement à domicile
« Nous avons la volonté de mener cet essai ensemble, entre la ville et l’hôpital, que ce soit pour le recrutement ou le suivi des patients et cela ne se fera pas sans les médecins généralistes, que nous appelons à participer », insiste le Dr Xavier Anglaret, médecin interniste, directeur de l'équipe IDLIC (Inserm 1219, Université de Bordeaux) et co-investigateur avec le Pr Didier Malvy du CHU de Bordeaux.
Si pour le moment, seule la métropole bordelaise est concernée, « nous souhaitons étendre Coverage à d’autres régions et métropoles. Celles du Grand Est sont intéressées, explique le Dr Anglaret. On se nicherait alors dans une stratégie de déconfinement, spécifiquement chez les plus de 65 ans, pour tester le plus tôt possible les cas suspects et proposer aux patients d’intégrer Coverage. »
Comme beaucoup d’études dans le Covid-19, cet essai sera adaptatif. Mais sa particularité est que les traitements seront initiés directement au domicile des patients. Des équipes mobiles, constituées d'un médecin et d'un infirmier, se déplaceront deux fois tous les dix jours au chevet des patients Covid inclus, complété d’un suivi par télémédecine.
Pour inclure des patients, contacter la plateforme VILLHOP du CHU de Bordeaux : 05 57 82 00 05 / infocovid@chu-bordeaux.fr
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