C'est l'exemple même de la coordination entre ville, hôpital et médico-social que le gouvernement souhaite encourager. Pourtant l'hospitalisation à domicile (HAD) en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) peine à décoller.
Certes, en 2017, le nombre de patients hébergés en EHPAD et pris en charge en HAD a augmenté par rapport à l'année précédente (10 320 contre 8 220 en 2016). La levée des restrictions d'indications au 1er mars 2017 (abrogation de la liste limitative de soins) explique cette croissance jugée toutefois insuffisante par le secteur au regard des besoins. En effet, moins de 7 % du total des journées d’HAD concernent des patients résidant dans des établissements sociaux et médico-sociaux.
À l'occasion d'un colloque intitulé « HAD et structures sociales et médico-sociales » organisé au ministère de la Santé, le Dr Matthieu De Stampa, gériatre à l'HAD de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), a dévoilé les résultats inquiétants d'une enquête menée en 2016 auprès des professionnels de son territoire afin d'éclaircir les difficultés de développement de l'HAD en EHPAD.
Cette étude met en évidence le cruel manque de notoriété de cette pratique en EHPAD. Les équipes soignantes d’HAD méconnaissent voire rejettent les possibilités d'intervention dans les maisons de retraite médicalisées, « alors que les professionnels des EHPAD mettent en avant le côté "soin" de leur structure », explique le Dr De Stampa. Qui plus est, le manque de communication entre les administrations ne permet pas de rapprocher ces deux visions.
L'étude met aussi en lumière l'isolement que peuvent ressentir les équipes soignantes d'HAD au moment d'intervenir en EHPAD en raison du manque de soutien médical et de coopération. « Ils vivent leur intervention comme étant des prestataires de soins et mettent en avant le manque de lien entre le médecin coordonnateur d'EHPAD, le médecin coordonnateur d’HAD et le médecin traitant », déplore le gériatre.
Pour faciliter les partenariats entre l'hospitalisation à domicile et les établissements et services sociaux et médico-sociaux (ESMS), la direction générale de l'offre de soins (DGOS) a annoncé la publication prochaine d'un « guide de l'HAD en ESMS ». Il s'agira d'« une véritable boîte à outils au service des acteurs », assure sa directrice Cécile Courrèges qui veut voir ce guide « largement distribué dans le courant de cette année ». Le ministère juge également nécessaire de doter l'HAD d'un modèle de financement plus adapté aux spécificités du domicile et des parcours des patients.
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