La résistance aux médicaments contre le sida augmente dans plusieurs pays à revenu faible ou intermédiaire, avertit l'OMS dans un rapport publié jeudi. "Cette menace grandissante pourrait nuire aux progrès globaux réalisés dans la lutte contre le sida si des mesures précoces et efficaces ne sont pas mises en oeuvre", estiment les experts.
Dans six des onze pays observés pour ce rapport, en Afrique, Asie et Amérique latine, plus de 10% des patients ont développé une résistance aux traitements antirétroviraux les plus courants. L'OMS souligne que "cette résistance se développe lorsque les patients ne se conforment pas au traitement prescrit, souvent parce qu'ils ne disposent pas d'un bon accès à des soins de qualité contre le VIH".
Ces patients, qui risquent de transmettre des virus résistants, doivent passer à d'autres traitements, mais ceux-ci "peuvent être plus chers et, dans certains pays, encore plus difficiles à obtenir", explique l'OMS, à trois jours de l'ouverture de la conférence internationale de recherche sur le sida à Paris.
"Nous devons combattre ces résistances croissantes en amont si nous voulons atteindre notre objectif de mettre fin au sida d'ici 2030", a déclaré le nouveau directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. Des projections mathématiques montrent que si rien n'est fait, 135.000 morts et 105.000 nouvelles infections supplémentaires pourraient être dues à la résistance aux traitements dans les cinq ans à venir, selon l'OMS. Cela pourrait entraîner un surcoût de 650 millions de dollars (560 millions d'euros).
Cette mise ne garde intervient, alors que quelque 6.000 spécialistes du sida se réunissent à Paris à partir de dimanche pour faire le point sur les avancées de la recherche. Fin 2016, 19,5 millions de personnes avaient accès aux anti-rétroviraux, soit un peu plus de la moitié des 36,7 millions de porteurs du VIH, selon l'ONU. Le coût d'une année de traitement dans les pays à faible revenu varie de 75 euros à plus de 1.000 euros lorsque le traitement de première intention n'est pas efficace. "Nous ne pouvons nous permettre de continuer à financer une épidémie d'une telle proportion", avertit Linda-Gail Bekker, chercheuse au Desmond Tutu HIV Centre (Afrique du Sud) et présidente de la Société internationale du sida, qui organise la conférence à Paris.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation