En matière de TFI, les femmes occidentales sont globalement plus exposées que les hommes. Ainsi, « en Europe et en Amérique du Nord, les femmes souffrent plus souvent de syndrome de l’intestin irritable (SII), de constipation, de dysphagies, de ballonnements ou encore de douleurs abdominales fonctionnelles », indique le Dr Pauline Jouët (hôpital Ambroise-Paré, Boulogne-Billancourt). En France le SII touche trois femmes pour un homme, les femmes rapportant un peu plus souvent une forme avec constipation plutôt qu’avec diarrhée.
Les patientes occidentales sont aussi plus exposées aux comorbidités associées aux troubles digestifs et en particulier au SII comme la migraine, les cystites interstitielles, le syndrome anxio-dépressif et la fibromyalgie.
Concernant l’origine de ces vulnérabilités les pistes sont multiples. En premier lieu, les études confirment un temps de transit colique plus lent chez la femme. Par ailleurs, dans une étude sur la sensibilité viscérale, le seuil était plus bas chez des femmes SII en comparaison aux hommes, reflet d’une hypersensibilité viscérale plus importante. D’autres hypothèses ont été avancées comme le fait que les femmes soient plus sujettes à conserver des symptômes séquellaires de gastro-entérite ou « syndrome de l’intestin irritable post-infectieux ». Un autre facteur contributif au SII est la présence d’un syndrome anxio-dépressif, deux fois plus fréquent chez la femme. Enfin les femmes SII pourraient avoir été exposées plus souvent à un événement traumatisant (comme un abus sexuel) dans le passé que les hommes.
Agrégations familiales
« La femme pourrait aussi être plus vulnérable aux TFI du fait de son statut hormonal ». Plusieurs arguments plaident dans ce sens comme le fait que les TFI débutent majoritairement à la puberté avec un pic avant la quarantaine ou que les femmes ayant une endométriose et donc une hyperstimulation ovarienne sont plus à risque de TFI. Cependant « rien n’est démontré », tempère le Dr Jouet.
Quant au poids de la génétique, dans le SII des cas d’agrégations familiales ont été repérés, ce qui plaide en faveur d’une composante génétique. Une étude suédoise de 2015 a chiffré une augmentation du risque du SII de 1,5 à 2 en cas d’antécédents familiaux chez des parents du 1er, 2e et 3e degrés.
« Au total, au moins une soixantaine de gènes ont été étudiés, comme le gène d’un des récepteurs à la sérotonine (HTR3E), neuromédiateur ayant un rôle au niveau du cerveau et du tractus digestif. Mais comme le SII regroupe des tableaux cliniques très variés et que les TFI dans leur ensemble sont multifactoriels, il est difficile de relier une anomalie génétique à un symptôme précis, et a fortiori de repérer des anomalies en fonction du genre. »
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