Le BEH publié à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac met aussi l’accent sur l’impact cardiovasculaire du tabagisme. En 2015, 21 % des séjours hospitaliers pour une pathologie cardiovasculaire en France (250 000 au total) étaient attribuables au tabac, avec un impact du tabagisme proportionnellement plus élevé chez les jeunes. Contrairement au cancer du poumon ou à la BPCO, qui ont plutôt tendance à survenir dans la durée, l’impact cardiovasculaire du tabac apparaît très tôt. Ainsi, entre 15 et 35 ans, la part des pathologies cardiovasculaires attribuable au tabac est supérieure à celle qui est observée chez les 65-80 ans. Le constat est particulièrement vrai pour les infarctus du myocarde (IDM) puisque les séjours pour IDM représentent 24 % de l’ensemble des hospitalisations chez les 15-34 ans et plus de la moitié (56 %) entre 35 et 50 ans. Les IDM chez les sujets de moins de 50 ans sont en grande majorité dus au tabac.
IDM inaugural Si l’impact cardiovasculaire du tabac peut survenir tôt, il se manifeste également de façon brutale. En effet, « le tabac n’impacte pas les artères comme les autres facteurs de risque classiques, souligne le Pr Daniel Thomas, cardiologue à l’Institut de cardiologie (GH Pitié-Salpêtrière, Paris) et porte-parole de la Société francophone de tabacologie : la pathologie vasculaire due au tabac est une pathologie thrombotique plutôt qu’athéroscléreuse, en raison de l’effet de l’exposition au tabac sur l’agrégation plaquettaire, expliquant que cela se traduise souvent de façon inaugurale par un infarctus du myocarde et non pas un angor. Cet effet sur l’agrégation plaquettaire, et donc le risque de thrombose, est un effet de l’exposition aux composants de la fumée du tabac via le stress oxydatif, de même que les deux autres actions déterminantes du tabac dans les accidents aigus précoces : inflammation favorisant la rupture de plaque et dysfonction endothéliale favorisant le spasme artériel. En dépit de lésions coronaires même peu sévères, le tabac va favoriser une thrombose aiguë conduisant à l’IDM. » Sans surprise, les cardiopathies ischémiques sont donc les pathologies les plus fréquemment associées à ces séjours hospitaliers attribuables au tabagisme (39 %).
Selon une modélisation, une réduction de 10 % du nombre de fumeurs permettrait d’éviter annuellement 6 000 séjours hospitaliers pour une maladie cardiovasculaire – 26 000 si la proportion de fumeurs était de 20 % de la population.
Un impact cardiovasculaire très marqué chez les jeunes
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