DEPUIS DIX ANS, le marché mondial des produits de la médecine traditionnelle connaît une forte expansion. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le taux de croissance des médicaments à base de plantes oscille entre 5 à et 18 % par an, avec un volume des ventes s’élevant 2,1 milliards de dollars au Japon, 6 milliards en Europe et même 33,9 milliards aux États-Unis. D’après l’OMS, entre 70 et 90 % d’habitants de pays comme le Canada, la France, l’Allemagne et l’Italie utilisent la médecine traditionnelle, « soit parce qu’ils sont convaincus que ce type de traitement est plus naturel et donc sans danger, soit de façon complémentaire au traitement d’une maladie chronique, incapacitante ou incurable », souligne un projet de rapport du Comité international de bioéthique (CIB) de l’UNESCO actuellement débattu jusqu’à vendredi à Paris au siège de l’institution. Implantées à différents degrés aux quatre coins du globe, les médecines traditionnelles recouvrent une gamme étendue de thérapies : prise de médicaments (à base de plantes d’animaux ou de minéraux), traitements manuels (massages), physiques (qi gong, tai ji quan…), mentaux (méditation, hypnose), spirituelles (religion, magie) ou une combinaison de ces méthodes.
Fossé conceptuel.
Médecine moderne et médecine traditionnelle reposent sur deux conceptions du monde radicalement différentes. « Dans de nombreuses régions du monde, l’approche traditionnelle servant à établir la cause d’une maladie est basée sur un principe de double causalité » (naturelles, surnaturelles/spirituelles).Généralement, la santé y est considérée comme « un état d’équilibre entre plusieurs éléments, cet équilibre étant lié à l’interdépendance de l’être humain et de son environnement social, naturel et surnaturel », résume le pré-rapport du CIB. « Ces fortes différences de conception de la santé font que les définitions de la maladie diffèrent elles aussi énormément, avec les conséquences qui en résultent pour l’idée même d’efficacité d’un traitement », poursuivent les experts. Si une évaluation apparaît possible dans le cas de produits à base de plantes, celle-ci serait très coûteuse et demanderait beaucoup de temps, « sans aucune perspective de rentabiliser l’investissement correspondant », une plante étant plus difficile à breveter qu’un médicament, considèrent les auteurs.
Stratégie mondiale.
Ces derniers suggèrent comme l’OMS (dans son rapport intitulé "The World medicine situation" 2011) de développer une méthode plus flexible : « l’histoire de l’utilisation d’une substance associée à une tradition cohérente d’observation et de tests témoignant de l’utilisation sans danger de cette substance et des effets thérapeutiques plausibles peut compléter le contrôle de la sûreté et ajouter potentiellement du poids aux arguments d’efficacité ». Pour les experts, « la médecine traditionnelle pourrait constituer une ressource précieuse, à condition que sa place par rapport à la médecine moderne soit clarifiée ». Le rôle de la médecine traditionnelle devant notamment « être conçu plus en termes de complémentarité possible que d’alternatives » à la médecine moderne. Les experts du CIB appellent à la mise en place d’une « stratégie mondiale » autour des médecines traditionnelles incluant la création d’une « base de données mondiale régulièrement mise à jour » et « des forums mondiaux pour échanger des expériences et convenir des procédures ». Le comité invite par ailleurs les gouvernements à adopter une « législation appropriée en vue de l’évaluation, l’accréditation et l’homologation de pratiques et de médicaments traditionnels ».
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