APRÈS DES ANNÉES de croissance ininterrompue, le marché du médicament générique a reculé de 3 % en volume en 2011 (614 millions de boîtes soit 23,85 % du marché remboursable) même si, pour la même période, le marché a continué de progresser en valeur de 3 % (13,56 % du marché remboursable). Le générique a malgré tout permis une économie de 2 milliards d’euros en 2011 pour l’assurance-maladie.
Selon le GEMME (Générique même médicament, une association réunissant 10 industriels du médicament générique) qui a réalisé cette étude, les raisons de cette baisse, après une hausse de 6 % du nombre de boîtes vendues en 2010, sont diverses. Elles tiennent principalement à « l’environnement de défiance par rapport au médicament en général » mais aussi au développement de l’usage de la mention « non substituable » sur les ordonnances. L’association affirme que « si le marché français avait connu un développement similaire à celui de nos voisins, les économies auraient pu être considérablement plus importantes, près de 4 milliards d’euros ».
Suspicion.
Le GEMME propose plusieurs mesures pour enrayer cette tendance. L’association suggère d’augmenter la prescription au sein du répertoire générique en développant le paiement à la performance (P4P) des médecins, de renforcer la réglementation sur l’usage de la mention « non substituable », ou encore d’élargir le répertoire aux sprays et aux antiasthmatiques.
Pour l’économiste de la santé Jean de Kervasdoué, « la vraie question est de comparer ces chiffres à celui des ventes de médicaments remboursables en ville ».Sur ce point, le patron du LEEM (syndicat patronal de l’industrie pharmaceutique), Christian Lajoux, parle aujourd’hui de « croissance plate du marché du médicament » pour les deux dernières années. Il semble difficile d’imaginer un marché du générique florissant au sein d’un secteur global du médicament en croissance nulle. Jean de Kervasdoué précise néanmoins que le marché français du générique reste en retard par rapport aux autres pays européens « dans lesquels la différence de prix entre génériques et princeps est beaucoup plus importante », rendant encore plus attractives ces copies. L’économiste rappelle enfin qu’« il y a beaucoup de suspicion chez les Français sur la quantité de principe actif contenue dans les génériques ; il y a beaucoup de pédagogie à faire en ce domaine ».
Côté médecins libéraux, le Dr Claude Leicher, président de MG France, ne constate pas de « défiance vis-à-vis du médicament, tout au plus une plus grande prudence que par le passé ». Quant à la croissance de la mention « non substituable », il s’interroge sur ses raisons. « Les pharmaciens avancent aujourd’hui le chiffre de 10 % des lignes d’ordonnances concernées par cette mention. Apposer la mention NS sur une ordonnance engage des dépenses supplémentaires. Si un médecin le fait parce qu’il a peur que son patient âgé ne se perde sans ces copies qui changent parfois d’apparence selon le fabricant, c’est compréhensible. Mais il doit faire attention s’il s’agit d’une stratégie idéologique vis-à-vis du générique ».
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