Éric Ciotti jure de « couper le robinet d'eau tiède avec un projet de rupture » mais son programme santé a un air de déjà-vu à droite. Comme sur l'économie, il reprend le projet 2017 libéral de François Fillon en plaçant la débureaucratisation de la santé au cœur de sa feuille de route. « J’appelle à faire le pari de l’autonomie et de la liberté », résume le référent LR sur la sécurité. « Plus d’un quart des personnels occupe des fonctions administratives. Je veux débureaucratiser les hôpitaux qui seront dirigés par des médecins et redonner l’autonomie aux chefs des services pour recruter le personnel, acheter des équipements, réorganiser le service, mener des projets », peut-on lire dans son projet « Pour que la France reste la France ».
À 56 ans, le questeur de l'Assemblée prescrit un remède de cheval consistant à supprimer 250 000 postes de fonctionnaires (hors soignants hospitaliers, précise-t-il), en s’attaquant aux administrations centrales, aux autorités indépendantes et aux agences de l’État. Objectif : la réduction des dépenses publiques de 100 milliards d’euros en cinq ans (dont un tiers par les administrations de Sécu).
Cette simplification se traduit aussi du côté de la médecine libérale qu'il promet de revaloriser et d'oxygéner. Il s'engage à « abroger » l'article 83 de la loi Touraine sur l’obligation de tiers payant « pour ne pas alourdir davantage les tâches administratives des médecins et leur redonner du temps médical ». Un article déjà vidé de sa substance par Agnès Buzyn qui avait rendu le tiers payant généralisable...
Autre marqueur : la lutte contre la fraude sociale qui représente selon lui « entre 15 et 45 milliards d’euros chaque année ». Il prône une carte Vitale biométrique systématique pour éviter les trafics « notamment depuis les pays du Maghreb » et entend créer des brigades anti-fraudes auprès de tous les services en charge des prestations sociales.
Pasteur sans vaccin
Éric Ciotti, qui fut le rapporteur pugnace de la commission d’enquête sur la gestion de la crise sanitaire, juge que la pandémie a révélé « l’effondrement » de notre système de santé. « La France possède le record du monde de la dépense de protection sociale par rapport à la richesse nationale et pourtant la France, pays de Pasteur, est le seul pays du conseil de sécurité de l’ONU qui n’a pas été capable de produire de vaccin », assène-t-il. Très inquiet des déserts médicaux qui « ne cessent de croître », il propose de « doubler le nombre de médecins formés » et de développer les maisons médicales et les structures d’urgence pour les premiers soins. « 7,4 millions de personnes vivent dans une commune où l’accès à un généraliste est limité », illustre le diplômé de Sciences Po. Il envisage un plan de défiscalisation pour accompagner l’installation des jeunes praticiens dans les territoires ruraux.
Celui qui déposa dès 2014 une proposition de loi visant à supprimer l’Aide Médicale d’État (AME) fait preuve ici de continuité. « Aucune aide, hors traitement des urgences vitales, ne sera accordée à un étranger en situation irrégulière », assume-t-il.
Sur le handicap, Éric Ciotti défend l'indexation sur l’inflation de l’allocation aux adultes handicapés et la création d’un « véritable congé des aidants familiaux » pris en charge par la solidarité. Il appelle de ses vœux un plan Alzheimer et un plan Cancer, sans plus de précision. En matière de santé publique, il recommande l'hospitalisation sous contrainte des toxicomanes installés dans la rue et se dit partisan de la fermeture des salles de shoot en milieu ouvert pour les placer à l’hôpital.
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