À chaque rive de la capitale son super-hôpital. L’Hôpital européen Georges-Pompidou trône à gauche de la Seine depuis 2001. À droite, l’Hôpital universitaire Paris Nord lui fera bientôt concurrence.
Jugé « indispensable » par François Hollande en 2013, ce projet hospitalier pharaonique prévu depuis des années prend peu à peu forme sous la direction générale de Martin Hirsch, patron de l’Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP).
Communément appelé Hôpital Nord, ce géant est issu de la fusion de deux hôpitaux distants d’une poignée de kilomètres : Bichat (18e arrondissement de Paris) et Beaujon (Clichy). Après plusieurs mois d’hésitation sur son emplacement, le choix de l’AP-HP s’est arrêté sur la ville mitoyenne de Saint-Ouen. Le nouvel hôpital devrait sortir de terre en 2025.
La raison d’être du projet est de rééquilibrer l’offre de soins hospitalière et universitaire au nord de l’Ile-de-France, en articulation avec la restructuration de l’hôpital Lariboisière (Xe arrondissement), prévue pour 2021. Le but est aussi de mettre fin à l’obsolescence de Bichat et Beaujon, dont l’architecture verticale ne correspond ni aux normes ni à la médecine moderne.
Un super-plateau technique à quatre branches
Quel visage aura l’Hôpital Nord ? Ingénieurs et architectes peaufinent les détails du projet qui sera présenté au COPERMO (comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins) en juillet prochain pour validation définitive en décembre 2016 ou janvier 2017. Le cahier des charges sera élaboré dans les prochaines semaines.
Les chefs de pôle sont également en train de remettre leur copie. La carte d'identité médicale de l'Hôpital Nord se veut ambitieuse. L'établissement sera au cœur d'un campus hospitalo-universitaire regroupant la faculté de médecine Paris-Diderot et les unités de recherche associées (INSERM et CNRS).
S'appuyant sur le virage ambulatoire, l'AP-HP a concentré son projet sur quatre super-pôles et plateaux techniques : maladies de l’appareil digestif, coeur-poumon-thorax-vaisseaux, inflammation/infection et gynécologie, obstétrique et maternité.
La cancérologie, la transplantation, l’axe urgences-soins aigus-polytraumatologie et les soins de proximité spécialisés complètent le tableau esquissé dans le préprojet médical que s'est procuré « le Quotidien ».
Pour résoudre le problème de l'engorgement des urgences, l'AP-HP compte s'appuyer sur le développement des maisons médicales, centres, maisons et pôle de santé. Selon le CHU, 15 à 20 % des passages à Bichat et Beaujon peuvent relever d’un dispositif de consultation sans rendez-vous. Outre l'Hôpital Nord, le maintien d’une offre hospitalière de premier recours sur le site Claude-Bernard, petit établissement situé à côté de Bichat, sera maintenu « en collaboration avec les professionnels libéraux ».
La construction d'un hôtel hospitalier est également dans les tuyaux.
Les maternités de Bichat et Beaujon seront enfin regroupés sur le nouveau site conçu pour assurer l’accueil de 3 000 parturientes par an (avec un report d’une partie des flux de Bichat vers Lariboisière).
Attirer et conserver les meilleurs médecins
Lasse de la vétusté de ses locaux, la communauté médicale semble séduite par l'Hôpital Nord, et notamment par la modernité de son campus hospitalo-universitaire. L'élaboration d'un projet en concertation (séminaires, groupes de travail) a fait mouche. « C'est un projet très attractif qui va nous permettre d'attirer et de conserver les meilleurs médecins », témoigne le Pr Dominique le Gudulec, présidente de la commission médicale d'établissement (CME) locale et chef du service de médecine nucléaire à Bichat.
Reste que médecins, usagers et politiques locaux (voir encadré) s'inquiètent de la suppression des lits programmée par l'AP-HP et de l'impact sur l'organisation des services, notamment aux urgences. La fusion des deux hôpitaux réduira l'offre de 1 200 à 800 lits environ.
« Les praticiens sont soucieux des capacités de la médecine libérale à faire face à cette baisse, estime le Dr Anne Gervais Hasenknopf, gastroentérologue à Bichat. L'AP-HP veut aussi généraliser les chambres individuelles. Avoir des chambres modulables en fonction des besoins serait faire preuve d'une souplesse attendue par la communauté médicale sur ce projet. »
L'avis de la CME de l'AP-HP est attendu au premier semestre de l'année.
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