Zika : un premier cas de méningoencéphalite associé au virus décrit chez un adulte hospitalisé à Créteil

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Publié le 11/03/2016
ZIKA

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Crédit photo : PHANIE

Des médecins français décrivent dans une correspondance parue dans « The new england journal of medicine » le premier cas d'infection du système nerveux central par le virus Zika, associé à une méningoencéphalite, chez un adulte. 

Il s'agit d'un homme de 81 ans, hospitalisé en soins intensifs à l'hôpital Henri-Mondor de Créteil, 10 jours après être rentré d'une croisière d'un mois dans le Pacifique Sud (Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, îles Salomon, Nouvelle-Zélande), où il se trouvait en excellente santé.

À son arrivée à l’hôpital, il était fiévreux (39,1 °C), comateux (6 sur l’échelle de Glasgow) et présentait une hémiplégie du côté gauche et une parésie du bras droit. Il a été intubé et placé sous respiration artificielle.

L’IRM cérébrale suggérait une méningoencéphalite, tout comme les analyses du fluide cérébrospinal, après qu’une ponction lombaire a été réalisée en jour 1. La recherche de virus (dengue, chikungunya, herpès, varicelle, zona) et de bactéries s’est révélée vaine, à l’exception de la PCR Zika, qui a détecté le matériel génétique du virus dans le liquide cérébrospinal. Des résultats qui ont été confirmés par la culture d’un échantillon de ce liquide envoyé au centre national de référence des arboviroses de Marseille.

Le patient s’est réveillé spontanément au bout de 24 heures, désorienté, victime d’hallucination, et d’une faiblesse persistante dans le bras gauche. Il a recouvré ses capacités cognitives sans traitement particulier en 38 jours, mais garde une légère faiblesse à son bras. « Les médecins doivent être conscients que le Zika peut être associé à une méningoencéphalite »  conclut l’article signé par le Dr Guillaume Carteaux (réanimation médicale de Henri-Mondor) et coll. Le lien entre Zika et le syndrome de Guillain-Barré a été démontré dans une publication du « Lancet », le 29 février. 

16 % d'augmentation des cas de microcéphalies au Brésil en une semaine

Bien qu'un lien formel n'ait pas été tout à fait formellement établi entre Zika et les anomalies congénitales, le ministère brésilien de la santé recense 745 nourrissons atteints de microcéphalies, et 157 bébés décédés des suites de cette malformation, depuis le début de l'épidémie en octobre 2015 (contre 150 cas par an normalement). Le nombre de cas confirmés est de 16 % supérieur à celui donné la semaine dernière par le gouvernement, ce qui corrobore les craintes de l'Organisation mondiale de la santé (OMS).  

Quelque 4 231 cas présumés sont en cours d'examen, tandis que 1 182 ont été écartés, précise le communiqué officiel. 

De son côté, Porto Rico s'alarme aussi de la contamination éventuelle par le virus Zika de centaines de milliers de personnes d'ici à la fin de l'année. « Je suis très inquiet : avant la fin de l'année on pourrait voir des centaines de milliers de cas d'infection par le Zika, dont des milliers de femmes enceintes », a déclaré le 10 mars le directeur des centres fédéraux de contrôle et de prévention des maladies (CDC), le Dr Tom Frieden, de retour d'une tournée dans ce territoire américain de 3,5 millions d'habitants.

Le président Barack Omaba a requis une enveloppe d'urgence de 1,8 milliard de dollars le mois dernier mais jusqu'à présent le Congrès a refusé de débloquer ces fonds. Les sénateurs font valoir qu'il reste 2,7 milliards de dollars octroyés pour lutter contre Ebola qui n'ont pas été utilisés et qui pourraient être réattribués pour le Zika.


Source : lequotidiendumedecin.fr