Les Centres Experts FondaMental, hébergés au sein de structures hospitalières, regroupent des équipes pluridisciplinaires partageant des standards d’évaluation identiques, et proposant aux patients adressés par leur médecin, une prise en charge diagnostique et thérapeutique ainsi qu’une participation aux programmes de recherche. Au nombre de 37, ils sont spécialisés chacun dans la prise en charge de 4 pathologies particulièrement invalidantes : la schizophrénie (10), les troubles bipolaires (10), la dépression résistante (13), l’autisme de haut niveau (4). L’accent est mis sur le partage indispensable d’informations entre les différents acteurs de la santé et les différentes équipes de recherche.
Ces centres sont répartis sur tout le territoire, et leur nombre permet la constitution de bases de données avec un nombre significatif de patients (5 000 dans le réseau bipolaire), ce qui facilite la mise en oeuvre des différents programmes de recherche : exploration des rythmes circadiens perturbés chez les patients bipolaires, rôle des infections, notamment la toxoplasmose chez les patients schizophrènes, fréquence des troubles métaboliques, gènes de vulnérabilité associés aux troubles autistiques par exemple. Ce recueil de données permet également de définir des indicateurs pour la mise en place de politiques publiques dans le domaine de la santé mentale.
Lien avec le médecin traitant
En Ile de France, les centres Experts s’intègrent dans le maillage territorial. Ils constituent un recours pour les patients difficiles, aident à la diffusion des bonnes pratiques, en particulier pour la prescription des psychotropes, et contribuent à diffuser les pratiques innovantes (psychoéducation, groupes de thérapie cognitivo comportementale, remédiation cognitive et fonctionnelle). Ils sont en lien avec le médecin traitant et communiquent par téléphone ou courrier, participant ainsi à leur formation. Ils facilitent l’accès aux consultations spécialisées en rapport avec la pathologie psychiatrique (génétique, endocrinologie, cardiologie). Leurs évaluations sont renouvelées tous les ans pendant 3 ans.
Sur le plan de la recherche, la France n’est pas très bien placée parmi ses partenaires européens et elle attire peu les financements européens. La faiblesse du budget qui lui est consacrée (4 % du budget total de la recherche biomédicale publique et privée soit quatre fois moins qu’aux états Unis), en est sans doute l’une des causes. Bien que touchant un Français sur cinq chaque année et coutant 109 milliards d’euros annuels à la société, les maladies psychiatriques restent le parent pauvre de la médecine.
Une cohorte, un laboratoire
Dans ce contexte difficile, l’infrastructure des centres experts a toutefois obtenu la labellisation de 2 projets dans le cadre du Programme investissements d’avenir. D’une part la cohorte Psy COH en 2011, qui permet de suivre 1 000 jeunes adultes atteints de schizophrénie, troubles bipolaires ou autisme de haut niveau ; d’autre part, le laboratoire d’Excellence Bio Psy en 2012. Ce dernier est né du constat de l’existence d’un haut niveau de recherche en neurosciences en Ile de France, comparé avec la faiblesse de la psychiatrie clinique. L’objectif est donc de rapprocher ces 2 domaines et de favoriser l’arrivée de nouveaux psychiatres pour entrer dans la nouvelle ére de la psychiatrie, celle de la connaissance scientifique. Le but est de comprendre les mécanismes des maladies mentales, d’identifier des biomarqueurs utiles à la fois pour le diagnostic et la prévention, d’aboutir à des traitements et des mesures préventives personnalisées. Les programmes sont lancés, les résultats sont attendus en 2019.
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