« ON A FAIT PEUR aux gens sur des bases qui, à ce stade, ne sont pas avérées », a regretté François Houlier, le président de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), suite aux controverses provoquées par l’étude sur la toxicité du maïs OGM NK603 de Monsanto. « On peut réfléchir aux questions d’expertise, mais c’est dommageable de l’avoir fait dans le style d’une campagne de presse. Surtout qu’il y a des organismes de recherche en France qui savent eux aussi lancer des alertes quand c’est nécessaire », a-t-il noté.
Jeudi dernier, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a jugé « insuffisante » l’étude de Gilles-Eric Séralini sur la toxicité d’un maïs OGM NK603 et lui a demandé de fournir davantage d’informations sous peine de la rejeter. Refus du chercheur qui doit toutefois être auditionné, demain, par la Commission des affaires sociales et du développement durable de l’Assemblée nationale (l’audition sera retransmise en direct à 18h30 sur http://www.assemblee-nationale.tv). Les experts européens ont estimé que « les nombreuses questions relatives à la conception et à la méthodologie de l’étude telles que décrites dans l’article impliquent qu’aucune conclusion ne peut être tirée au sujet de l’occurrence des tumeurs chez les rats testés ». L’EFSA prévoit de publier une « seconde analyse, plus complète, d’ici la fin octobre ». L’Institut fédéral pour l’évaluation des risques, en Allemagne (BfR), a également rendu un avis négatif la semaine dernière.
Un coup médiatique.
En France, des dizaines de scientifiques de l’INRA, du CNRS et de l’INSERM ont également dénoncé les travaux de Gilles-Eric Séralini et ont appelé à sortir de « l’opposition idéologique » aux OGM. « Cette étude doit être considérée plus comme un coup médiatique que comme une révélation de résultats scientifiques », ont écrit les 40 chercheurs dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire Marianne (voir également l’interview de Fabrice Nesslany, directeur du laboratoire de toxicologie génétique à l’Institut Pasteur de Lille dans le « Quotidien » du 2 octobre).
Environ 130 organisations de la société civile, dont le WWF, Greenpeace et Attac, ont appelé, de leur côté, à suspendre les autorisations du maïs transgénique NK603. Dans un appel commun, remis au Premier ministre et aux ministres de la Recherche, Santé, Agriculture et Environnement, ces organisations se disent « inquiètes » et « demandent la suspension provisoire des autorisations du maïs NK603 et de l’herbicide Roundup ». Ces organisations demandent en outre « la transparence sur les études d’évaluation des risques sur la santé et l’environnement ayant conduit à l’autorisation (culture ou importation) dans l’Union européenne des OGM et des pesticides ».
L’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSES) et le Haut Conseil des biotechnologies (HCB), chargés d’évaluer l’étude, devraient faire connaître leurs conclusions vers le 20 octobre.
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