LE RECRUTEMENT via les services d’urgence (SU) de la région parisienne a touché une grande partie de la population générale et notamment des personnes n’appartenant pas aux groupes à haut risque. Mais il ne montre pas de poche épidémique cachée dans la population à bas risque et la plupart des patients diagnostiqués appartenaient à un groupe à risque.
En France, on estime à 25 % la proportion des habitants du pays qui fréquente les SU chaque année (14 millions). A priori, les SU figurent donc en bonne place pour tester un dépistage non ciblé du VIH. « En 2009, avant la publication des recommandations, nous avons évalué l’impact en terme de santé publique d’un dépistage non ciblé chez les patients des SU dans la région parisienne (11,7 millions d’habitants), qui est aussi la région où le nombre de nouveaux diagnostics est le plus élevé : 263/million d’habitants par an, soit la moitié des nouveaux diagnostics du VIH en France. »
Dans 29 services d’urgence de la région parisienne.
L’étude d’intervention a été conduite dans 29 SU entre mai 2009 et septembre 2010. Après une information et un consentement écrit, les infirmiers ont réalisé un test anticorps rapide, dont la validité pour le dépistage des infections non diagnostiquées avait été antérieurement établie. Le test rapide a été promu par les ministères de Santé publique aux États-Unis, au Royaume-Uni, puis plus récemment en France pour le dépistage large dans la population.
Parmi les 138 691 visites dans les SU, il y a eu 78 411 patients éligibles (non dans le coma, susceptibles de comprendre le test, etc.). On a offert un test rapide de dépistage du VIH chez 20 962 (27 %) ; 13 229 (63,1 %) ont accepté le dépistage et 12 754 (16,3 %) ont été de fait testés. Ces personnes testées sont des hommes dans 52,2 % des cas et l’âge moyen de la population est de 35,8 ans. « La population testée reflète la distribution de la population de la région parisienne, avec juste une légère surreprésentation des personnes nées à l’étranger (en particulier des régions d’Afrique subsaharienne), des femmes ayant plus d’un partenaire sexuel au cours de l’année précédente et des personnes pratiquant des dépistages du VIH (39,5 % avaient eu un test dans les cinq ans précédents). »
Au total, 18 nouvelles infections ont été diagnostiquées. La prévalence de ces nouveaux diagnostics (0,14 %) est proche de la prévalence initialement estimée, c’est-à-dire celle de la population générale (0,17 %).
Toutefois, et sans que l’on s’y attende, 17 de ces nouveaux diagnostics d’infection par le VIH concernaient des patients appartenant à des groupes à haut risque : hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, personnes nées dans des pays de forte prévalence de l’infection par le VIH, principalement l’Afrique subsaharienne.
« Malgré la diversité de la population testée, aucun nouveau cas n’a été dépisté chez les hétérosexuels nés en France. L’incidence basse de l’infection dans ce sous-groupe peut expliquer cela. »
Les nouvelles infections diagnostiquées ne le sont pas à un stade précoce de la maladie, contrairement à ce qui est rapporté dans les programmes nationaux de dépistage. La plupart étaient déjà à un stade avancé, tout comme dans l’étude réalisée aux États-Unis. D’ailleurs, une symptomatologie liée à l’infection par le VIH était à l’origine de la consultation par 8 des patients diagnostiqués.
La validité du dépistage non ciblé a été montrée aux États-Unis et au Royaume-Uni. Mais ces résultats ne peuvent être extrapolés au modèle français. Les résultats de cette étude montrent qu’il est à la limite basse de la rentabilité. Et quand on considère que les 8/18 patients vus pour des symptômes liés au VIH auraient de toutes les manières eu un test pendant leur hospitalisation, cette stratégie passe au-dessous de la limite inférieure.
Kayigan Wilson d’Almeida, Anne-Claude Crémieux et coll. du « Emergency Department HIV-Screening Group », Arch Intern. Med, 24 octobre 2011; doi: 10.1001/archinternmed.2011.535
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