L’un des résultats les plus attendus au congrès de l’ESC (European society of cardiology) était celui de l’essai CANTOS (canakinumab anti-inflammatory thrombosis outcomes study). Il a aussi été publié dans le « New England Journal of Medicine ». Financé par Novartis, le fabricant du canakinumab, cet essai contrôlé et randomisé contre placebo montre que la réduction de l’inflammation chez des patients ayant déjà subi un infarctus du myocarde limite significativement le risque de survenue d’un autre événement cardiovasculaire.
L’étude a suivi, pendant 4 ans, 10 061 patients, âgés en moyenne de 61 ans (25,7 % de femmes et 40 % de diabétiques). Ces patients avaient tous déjà subi un infarctus du myocarde et leur niveau de CRP-hs, marqueur de l’inflammation, était élevé (< 2 mg/l). En plus de leur traitement hypocholestérolémiant, les patients ont reçu du canakinumab. Ils ont été divisés en trois groupes recevant différentes doses de canakinumab (50 mg, 150 mg ou 300 mg, en injection sous-cutanée, tous les trois mois). Un quatrième groupe a reçu un placebo.
Baisse de 15 % du risque avec les doses les plus élevées
Après 3,8 ans de suivi, les chercheurs ont observé que le nombre d’événements cardiovasculaires (un critère combinant le risque d’infarctus du myocarde, d’AVC et de mortalité cardiovasculaire) était de 4,5 pour 100 personnes-années dans le groupe placebo, de 4,11 pour 100 personnes-années dans le groupe 50 mg, de 3,86 pour 100 personnes-années dans le groupe 150 mg et de 3,90 pour 100 personnes-années dans le groupe 300 mg. Ce qui correspond à une baisse du risque de 15 % pour les deux doses les plus élevées.
Le canakinumab est un anticorps monoclonal qui neutralise l’IL1-ß, une cytokine pro-inflammatoire. Dans l’essai CANTOS, il permettait de faire baisser le taux de CRP-hs (mais n’avait pas d’effet sur le cholestérol). « Ces résultats partent d’une observation critique : la moitié des infarctus surviennent chez des personnes qui ne présentent pas un taux de cholestérol élevé », indique Paul Ridker, premier auteur de l’étude. « Pour la première fois, nous avons pu montrer que baisser le niveau d’inflammation, indépendamment du cholestérol, fait baisser le risque cardiovasculaire. »
Une baisse du risque du cancer du poumon en particulier
Les chercheurs ont aussi observé une augmentation des infections létales d’une pour 1 000 patients traités. Mais dans le même temps, ils ont constaté que la mortalité par cancer était divisée par deux (sans différence significative dans la mortalité toutes causes) pour le groupe recevant la dose de 300 mg de canakinumab. Ils ont aussi présenté ces résultats à l’ESC, et dans « The Lancet ». Ces données concernaient particulièrement le cancer du poumon, puisque l’incidence de cette pathologie était diminuée de 26 %, 39 % et 67 % selon les doses (respectivement de 50 mg, 150 mg et 300 mg). Il ne s’agit encore que d’une étude exploratoire car ces résultats sur l’incidence du cancer n’étaient pas ceux recherchés en priorité par l’équipe.
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