Une grossesse retarderait de 3 ans l'apparition des symptômes de la sclérose en plaques

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Publié le 15/09/2020
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Crédit photo : PHANIE

Le fait d'avoir déjà eu une grossesse est associé à la survenue plus tardive des premiers symptômes de la sclérose en plaques (SEP) chez les femmes. C'est ce que montre une étude de cohorte multicentrique parue dans le « JAMA Neurology ».

Les femmes sont davantage touchées que les hommes, et celles-ci sont souvent diagnostiquées entre 20 à 50 ans. « Depuis l’étude pivot Pregnancy in Multiple Sclerosis de 1998, il a été bien documenté que les rechutes de SEP sont réduites pendant la grossesse, avec une petite proportion de femmes exposées à un risque de rechute au cours de la période post-partum, soulignent les auteurs. Toutefois, il n'y a pas de consensus sur les implications d'une grossesse avant l'apparition de la SEP ».

Les données de 2 557 femmes prises en charge au sein de quatre hôpitaux de République tchèque et d'Australie pour un syndrome cliniquement isolé (CIS) ont été collectées entre le 1er septembre 2016 et le 25 juin 2019, à partir du registre international MSBase. Le CIS étant la première manifestation clinique de la SEP, définie par les auteurs « comme le premier épisode clinique de démyélinisation du système nerveux central ou d’apparition de symptômes ».

Pas d'influence du nombre de grossesses

Parmi l'ensemble des femmes, dont l'âge moyen était de 31,5 ans au moment de l'apparition du CIS, 1 188 (46 %) ont eu au moins une grossesse (même si celle-ci s'est terminée par une fausse couche ou un avortement) et 1 100 (43 %) au moins un accouchement (défini par un âge gestationnel de plus de 20 semaines) avant l'apparition des symptômes de la SEP. L'âge moyen était respectivement de 23,3 ans au moment de la première grossesse et 23,8 ans pour le premier accouchement.

Les femmes ayant eu une grossesse ou un accouchement présentaient un délai médian d'apparition du CIS retardé de 3,3 ans par rapport à celles n'ayant jamais été enceintes. Autre constat, chez les femmes ayant accouché, le délai d'apparition des symptômes était retardé de 3,4 ans (durée médiane) par rapport à celles n'ayant jamais accouché. En revanche, les auteurs n'ont pas observé qu'un nombre élevé de grossesses ou d'accouchements était davantage associé à une survenue retardée des symptômes.

« À l'heure actuelle, nous ne savons pas exactement comment la grossesse ralentit le développement de la SEP, mais nous pensons que cela est lié aux modifications apportées à l'ADN de la femme. Nous recherchons maintenant des possibilités de financement pour explorer cette piste passionnante », a déclaré dans un communiqué la Dr Vilija Jokubaitis, co-auteure de l'étude.


Source : lequotidiendumedecin.fr