L’enfant multi-allergique relève d’un ensemble de pathologies généralement complexe à appréhender.
Outre des allergies alimentaires, respiratoires et/ou de contact, il s’agit de patients ayant d’autres comorbidités atopiques comme de l’asthme, de la dermatite atopique ou de la rhinite allergique. « Au niveau de la prise en charge, le premier message c’est d’arriver à repérer et quantifier ces allergies, en intervenant le plus précocement possible. Et bien sûr, ne pas perdre ces enfants de vue », indique la Dr Chantal Karila, PH au service pneumologie et allergologie à l’Hôpital Necker (Paris). L’asthme reste l’une des problématiques majeures du suivi des patients. « Plus l’allergie est importante en quantité, plus celle-ci est précoce et plus il y a de risque que l’enfant demeure allergique et devienne asthmatique, avec un asthme souvent sévère, de fréquentes exacerbations et une fonction respiratoire qui ne va pas être strictement normale », ajoute la Dr Karila. Ces enfants présentent également très souvent un eczéma cutané, qui va constituer la porte d’entrée des allergènes. « Chez ces patients, on a vraiment une marche atopique de l’eczéma jusqu’à l’asthme, avec des allergies précoces et sévères, généralement alimentaires, jusqu’aux allergies respiratoires. Il est donc primordial de réparer la peau et ne pas accepter l’eczéma de ces enfants », insiste la praticienne. Les enfants polyallergiques ont tendance à évoluer dans des lieux riches en allergènes ou antigènes pro-inflammatoires – acariens, poils d’animaux, moisissures – d’où l’importance d’agir aussi sur leur environnement. Sur le plan alimentaire, il est par ailleurs important de procéder à des introductions précoces. « On a une fenêtre de tolérance alimentaire entre 4 et 8 mois où se joue la diversification. Il n’y a pas d’aliment interdit, il ne faut pas faire d’éviction de principe », souligne le Dr Karila.
Les clés de l’ETP
Ne pas perdre de temps, tel est donc le mot d’ordre dans la prise en charge des patients polyallergiques. « Une fois que les enfants sont sensibilisés, avec des tests positifs ou des prises de sang positives – où cliniquement, ils n’expriment pas encore leur allergie – souvent, c’est déjà un peu joué », fait-elle remarquer. « Mais on a aussi des cas qui ont des tests positifs à plein de choses sans que cela engendre autant de réactions cliniques. C’est très vrai notamment en matière d’allergie alimentaire », précise la Dr Karila « Quand les enfants grandissent, on commence à faire de l’immunothérapie orale. Cela fonctionne plutôt bien mais il y a des critères d’indication », évoque-t-elle. Sur le long terme, les deux risques majeurs des patients polyallergiques demeurent l’anaphylaxie par allergie alimentaire et les exacerbations de l’asthme. L’éducation thérapeutique occupe alors une place centrale dans l’accompagnement de ces patients (et de leur famille) afin de les aider à mieux gérer leur quotidien et limiter l’impact de la polyallergie sur la qualité de vie, qu’il s’agisse des problématiques d’eczéma, d’asthme, d’une dermatite atopique ou des différentes allergies proprement dites. Dans le cas des allergies alimentaires multiples, la consultation diététique est ainsi là pour accompagner l’enfant et/ou son entourage dans l’acquisition des compétences nutritionnelles d’auto-soins tout en évitant les carences.
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