LE BON roi Henri est mort il y a 400 ans, nul n’ignore comment. Mais on sait moins que sa tête avait disparu. Sa tombe à l’abbaye de Saint-Denis faisait partie de celles qui furent profanées par les révolutionnaires en 1793, les corps étant jetés dans une fosse commune. Et quand Louis XVIII fit ouvrir la fosse, en 1817, le corps du Vert Galant était sans tête. Elle aurait été acquise en 1793 auprès d’un fossoyeur par le comte Erbach puis passa de main en main jusqu’à un certain Bourdais, qui l’a payée 3 francs en 1919 et tenté toute sa vie d’en démontrer l’authenticité. Depuis sa mort, en 1947, on en avait perdu la trace.
Jusqu’à ce qu’elle arrive entre les mains autorisées de l’anatomopathologiste et archéologue Philippe Charlier, dans des circonstances qui seront expliquées aujourd’hui. Le Dr Charlier, qui s’est déjà distingué notamment par l’étude d’Agnès Sorel, et son équipe multidisciplinaire de 19 chercheurs, se sont penchés sur la tête embaumée en utilisant une combinaison de techniques anthropologiques, paléopathologiques, radiologiques, anatomopathologiques.
La tête, explique l’étude publiée dans le « BMJ », était dans un excellent état, les tissus mous et les organes internes étant bien conservés. Deux traits visibles sur les portraits du roi sont présentés : une lésion en forme de champignon de 11 mm juste sous la narine droite et un petit trou dans l’oreille droite avec une patine indiquant l’utilisation prolongée d’une boucle d’oreille. Autre signe : une lésion guérie sur le maxillaire gauche, correspondant à la blessure infligée par Jean Châtel lors d’une tentative d’assassinat le 27 décembre 1594 (un coup de couteau à la lèvre).
Des restes de cheveux et de moustache, roux et blancs, correspondent à ce qu’on sait de la chevelure du roi au moment de sa mort, de même que le crâne dégarni. La dentition, avec beaucoup de dents perdues, est conforme aux témoignages des contemporains. Et trois traces de blessures post-mortem au niveau des vertèbres cervicales témoignent de la tête tranchée en 1793.
La datation par radiocarbone indique une date située entre 1450 et 1650. Mais l’analyse génétique a été décevante, car les chercheurs n’ont pas pu trouver d’ADN mitochondrial qui ne soit pas contaminé. Autre technique utilisée, la reconstruction numérique du visage est, elle, totalement cohérente avec les représentations connues du roi et avec le plâtre réalisé juste après sa mort et conservée à la bibliothèque Sainte-Geneviève, à Paris.
Embaumé à l’italienne.
Toutes ces découvertes n’auraient pas été possibles si Henri IV n’avait pas souhaité être embaumé « dans le style des Italiens », c’est-à-dire, avec peu de mutilations, sans ouvrir le crâne. La tomographie montre une dure-mère conservée et un parenchyme nerveux désséché sans anomalies identifiables. En revanche, des signes indiquent la présence d’une cataracte. Une discrète spondylarthrose est également observée.
Maintenant qu’elle a été identifiée avec les méthodes les plus rigoureuses, la tête du souverain pourra être à nouveau enterrée dans la basilique royale de Saint-Denis après une cérémonie funéraire solennelle, disent les auteurs en conclusion. Et ils soulignent que les mêmes méthodes peuvent être utilisées pour identifier les autres squelettes royaux gisant dans la fosse commune, afin qu’ils puissent être replacés dans leurs tombes d’origine.
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