Recommandations sanitaires pour les voyageurs

Attention aux maladies d’importation

Publié le 05/06/2014
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Crédit photo : AFP

La version 2014 « se distingue des précédentes par la partie très importante consacrée à la prise en compte des maladies d’importation, souvent d’apparence banale au retour de voyages (pneumopathies, fièvre, dermatose), mais susceptibles de générer des problèmes de santé publique en France », souligne dans un éditorial du « BEH » le Pr Éric Caumes, président du Comité des maladies liées aux voyages et des maladies d’importation du Haut Conseil de la santé publique (HCSP) chargé de l’élaboration de ces recommandations.

Le risque est essentiellement celui d’une implantation de maladies infectieuses telles que les arboviroses comme la dengue, le chikungunya ou le zika qui sévissent actuellement aux Antilles et en Guyane pour les deux premières et dans la région Pacifique pour la troisième (Polynésie française et Nouvelle-Calédonie). La présence d’Aedes albopictus dans 17 départements est une menace réelle. « Le fait que la dengue soit apparue à Madère et que le paludisme soit réapparu en Grèce il y a quelques années est une autre raison d’être vigilant vis-à-vis des maladies vectorielles », insiste le Pr Caumes.

Parmi les autres menaces, figurent en bonne place les infections respiratoires : grippes aviaires A(H7N9) et A(H5N1) et le coronavirus.

Bactéries hautement résistantes

Les formes résistantes de tuberculose représentent aussi un risque « plus réel mais aussi plus sournois » du fait de sa plus longue durée d’incubation. Les pays d’Europe de l’Est sont parmi les pourvoyeurs de telles formes. Toutefois, précise le Pr Caumes, « plutôt que se focaliser sur certains pays à risque, mieux vaut retenir que toute tuberculose récidivante doit être considérée comme à risque d’être résistante et faire l’objet d’une prise en charge spécialisée pour ne pas risquer de transformer une forme MDR ou XDR en forme XXDR voir TDR ».

Les bactéries hautement résistantes aux antibiotiques et émergentes (entérobactéries productrices de carbapénèmases et Enterococcus faecium) font l’objet de recommandations spécifiques depuis 2013 : dépistage systématique de tout patient ayant été hospitalisé à l’étranger dans l’année qui précède son hospitalisation en France. Enfin le risque d’importation de la rage animale « ne doit pas être pris à la légère, afin de ne pas faire le lit de sa réapparition en France et pour éviter des cas humains », insiste le Pr Caumes. Un paragraphe renvoie aux recommandations du HCSP pour le virus Ebola.

Part des maladies non infectieuses en hausse

Comme chaque année, l’avis daté du 28 avril, met l’accent sur la prévention des maladies infectieuses et notamment sur le paludisme. Vaccination, chimioprophylaxie et règles hygiénodiététiques restent le triptyque sur lequel doit reposer cette prévention.

Pourtant la part des maladies non infectieuses comme le mal d’altitude, le mal des transports, les traumatismes et blessures d’origine accidentelle ou intentionnelle est en augmentation. Parmi les voyageurs, 15 % à 20 % seront malades. Le risque de décès par mois de voyage est, lui, estimé à 1 pour 100 000 (un taux qui grimpe à 1 pour 10 000 pour les personnes impliquées dans des opérations humanitaires). « Les infections ne rendent compte que de 1 à 3 % des décès », précise l’avis. La mortalité en voyage majoritairement d’origine cardiovasculaire (dans la moitié des cas), les autres causes se partageant entre accidents de la voie publique, noyades, homicides et suicides. Les recommandations rappellent comme l’an dernier les mesures de prévention des problèmes liés à l’exposition au soleil, à l’altitude et au mal des transports.

Risque thromboembolique, pour la première fois

Pour la première fois cette année, elles portent sur la prise en compte du décalage horaire et la prévention des maladies thrombo-emboliques. Le transport aérien apparaît comme un facteur de risque faible de thrombose veineuse (risque multiplié par 2). La présence d’un facteur de risque indépendant (âge, antécédents de thrombose veineuse ou d’embolie pulmonaire, thrombophilie, contraception œstroprogestative ou œstrogénothérapie, obésité, varices, intervention chirurgicale récente, tabagisme, grossesse) justifie le port d’une contention élastique de classe 2 pour tous les voyages de plus de 6 heures. Les héparines de bas poids moléculaire ou le fondaparinux (inhibiteur du facteur X) n’ont pas d’indication validée mais sont parfois prescrits hors AMM à dose prophylactique chez les sujets pour lesquels la contention n’est pas possible ou en cas de risque très élevé. « La prise d’aspirine ne prévient pas les thromboses veineuses », souligne l’avis.

Dr Lydia Archimède

Source : Le Quotidien du Médecin: 9332