La (troisième) vague de Covid-19 ne cesse de prendre de l'ampleur en Afrique, depuis le mois de juin. Et c'est désormais une progression de 43 % du nombre de décès liés au Sars-Cov-2 qui a été recensée d'une semaine à une autre mi-juillet, alerte l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Au 11 juillet 2021, 6 273 décès avaient été notifiés en une semaine, contre 4 384 décès au cours de la semaine précédente (pour un total de 155 423 décès, selon le décompte AFP). L’Afrique se trouve désormais à moins de 1 % du record de 6 294 décès en une semaine, chiffre atteint au mois de janvier.
Augmentation très rapide du nombre de contaminations
Les pays les plus touchés, concentrant 83 % des nouveaux décès, sont la Namibie, l'Afrique du Sud (en proie à de violentes émeutes), la Tunisie, l'Ouganda et la Zambie. Le taux de létalité sur le continent (proportion de décès notifiés parmi les cas confirmés) s’élève actuellement à 2,6 %, alors que la moyenne mondiale est de 2,2 %.
Sous l'effet des variants (le Delta est présent dans 21 pays) et de la lassitude des populations à l'égard des mesures barrières, les infections ne cessent d'augmenter : alors que l'Afrique comptait 5,3 millions de cas fin juin, la barre des six millions a été franchie le 13 juillet. Une augmentation d'une rapidité inédite (+ un million de cas supplémentaires en un mois, alors qu'il a fallu trois mois pour passer de quatre à cinq millions de cas), notamment au Sénégal, en Algérie et au Rwanda, dont la capitale Kigali et huit districts se sont reconfinés jusqu'au 26 juillet.
Pénuries d’oxygène et de lits de soins intensifs
« Le nombre de décès est monté en flèche ces cinq dernières semaines. Il s’agit là d’un signal d’alarme qui nous indique clairement que les hôpitaux des pays les plus touchés sont sur le point d’atteindre un point critique », a souligné la Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Les systèmes de santé nationaux, souffrant d’un manque de fonds, sont confrontés à une grave pénurie d’agents de santé, de fournitures, de matériel et d’infrastructures nécessaires à la prise en charge des patients touchés par une forme grave du Covid-19 ».
Ainsi, une dizaine de pays d'Afrique sont confrontés à des taux d'hospitalisation en très forte hausse, et au moins six d'entre eux subissent une pénurie de lits de soins intensifs. Sans parler de l'oxygène, dont la demande est double par rapport à la même période en 2020, alors que l'offre ne suit pas. En cause : l'incurie des usines de production, des pénuries de bouteilles, ou encore le manque de personnel et de compétences techniques.
« Le premier élément à l’ordre des priorités pour les pays africains est de renforcer la production d’oxygène afin de donner une chance de s’en sortir aux patients touchés par une forme grave de la maladie », a déclaré la Dr Moeti.
Carences dans les traitements et vaccins
L'offre en matière de traitements anti-covid fait aussi défaut : une enquête réalisée par l’OMS sur 30 pays africains a révélé que 18 pays seulement avaient inclus les corticostéroïdes dans les lignes directrices nationales de traitement, comme cela est recommandé l’OMS. Neuf pays utilisent des produits non recommandés tels que l’hydroxychloroquine et le lopinavir dans le traitement de la COVID-19.
Quant à la vaccination elle est encore et toujours à la traîne : seulement 52 millions de personnes ont reçu une dose sur le continent depuis le début des opérations en mars 2021. Soit seulement 1,6 % des 3,5 milliards de personnes vaccinées dans le monde entier. À peine 18 millions de personnes sont entièrement vaccinées en Afrique, ce qui représente 1,5 % de la population sur le continent, contre plus de 50 % dans certains pays à revenu élevé.
« Le double obstacle marqué par la pénurie de vaccins et les difficultés liées au traitement compromet sérieusement l’efficacité de la riposte à la pandémie qui ne cesse de s’accélérer », explique Dr Moeti.
Encore un espoir
La directrice Afrique de l'OMS ne baisse pas pour autant les bras. « Grâce aux nouvelles expéditions de vaccins attendues et aux mesures clés de prévention en place, la tendance peut encore être inversée en notre faveur », affirme-t-elle.
Les expéditions supplémentaires de vaccins attendues dans les semaines et les mois à venir devraient renforcer les taux de vaccination. Les Etats-Unis viennent d'annoncer l'envoi de 25 millions de doses dans 49 pays africains, à commencer par Djibouti et le Burkina Faso. Au total, 190 millions de doses supplémentaires de vaccin seront nécessaires pour vacciner entièrement 10 % de la population africaine avant le mois de septembre 2021 ; et 750 millions, pour vacciner entièrement 30 % de la population du continent africain avant la fin de l’année 2021.
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