Dépistage en hausse, prévention en baisse

La banalisation du VIH estompe les risques

Publié le 03/12/2012
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Crédit photo : AFP

CHAQUE ANNÉE, à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida, l’InVS publie les données actualisées de la surveillance du VIH/Sida et des infections sexuellement transmissibles en France. Ces données reposent à la fois, sur différents systèmes de surveillance auxquels participent les biologistes et les cliniciens et sur des enquêtes menées auprès de populations spécifiques.

En 2011, le nombre de nouveaux diagnostics d’infection à VIH reste relativement stable depuis 2007 avec environ 6 100 personnes qui ont découvert leur séropositivité. Des disparités demeurent selon le mode de contamination et l’origine géographique. Les hommes HSH et les personnes contaminées par rapports hétérosexuels nées à l’étranger (dont les trois quart dans un pays d’Afrique subsaharienne) restent les deux groupes les plus concernés : ils représentent chacun 40 % des découvertes de séropositivité en 2011.

La transmission du VIH est toujours importante parmi les HSH, qui constituent le seul groupe où le nombre de découvertes de séropositivité est en augmentation depuis 2003 (+30 %), même si leur nombre, en 2011, est équivalent à celui de 2010. Chez les hétérosexuels nés à l’étranger, le nombre de cas diagnostiqués diminue depuis 2003, de façon plus marquée chez les femmes (- 42 %) que chez les hommes (- 31 %). Une stabilité de séropositivité est observée dans les autres groupes, depuis 2003 chez les hétérosexuels nés en France et depuis 2008 chez les usagers de drogue.

Au niveau régional, la Guyane et la Guadeloupe ont un taux de découvertes supérieur à celui observé en Ile-de-France (respectivement 914, 401 et 222 par million d’habitants). Dans le reste de la métropole, les taux régionaux ne dépassent pas 82 découvertes par million d’habitants.

L’impact du dépistage.

Concernant le dépistage, près de 5,2 millions de sérologies VIH ont été réalisées en 2011, soit 79 sérologies pour 1 000 habitants. « Il semble que l’élargissement du dépistage préconisé fin 2010 a vraisemblablement induit cette augmentation », constate l’InVS qui y voit plus l’action des professionnels de santé que l’utilisation des tests rapides (TROD) encore marginale en 2011. Toutefois, « il est cependant encore trop tôt pour en observer l’impact sur l’augmentation des diagnostics d’infection à VIH notamment réalisés à l’occasion d’un bilan ou sur la baisse des découvertes de séropositivité à un stade tardif ». Parallèlement, certaines infections sexuellement transmissibles (Chlamydia, infections à gonocoque et syphilis), mieux dépistées, ont augmenté.

En revanche, les données comportementales montrent que l’utilisation systématique du préservatif reste insuffisante, notamment lors des fellations, comme le montre l’enquête « Presse Gay et Lesbiennes » (EPGL) 2011, menée avec l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales (ANRS), auxquels ont participé 11 000 HSH. Bien que la moitié des répondants rapportent un test de dépistage du VIH dans les 12 derniers mois, 14 % déclarent encore « ne jamais avoir réalisé de test de dépistage au cours de leur vie ». En 2011, 17 % des répondants HSH de l’enquête déclarent être séropositifs pour le VIH, soit une prévalence déclarée plus élevée que lors de la précédente édition EPG (13 % en 2004). Les comportements sexuels à risque ont augmenté en 2011 avec 38 % des HSH déclarant au moins une prise de risque dans les 12 derniers mois avec des partenaires masculins occasionnels de statut VIH inconnu ou différent contre 33 % en 2004. Ces prises de risque sont déclarées plus fréquemment par les répondants qui se déclarent séropositifs. Par ailleurs, l’efficacité du préservatif semble de moins en moins reconnue en particulier chez les jeunes.

Certaines croyances résistent.

Consacré au VIH/Sida en France, le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publie également la 6e enquête KABP-ANRS sur l’évolution des connaissances et des attitudes face au VIH/Sida en métropole (18 404 individus de moins de 55 ans ont été interrogés au total depuis 1992). Face à la banalisation de la maladie en population générale, l’infection à VIH apparaît comme un risque de plus en plus éloigné des préoccupations, en particulier chez les 18-30 ans. Par ailleurs, si les modes de transmission du VIH sont bien connus, certaines croyances résistent. Ils sont plus nombreux en 2010 qu’en 1994 à penser à tort que le virus peut se transmettre par une piqûre de moustique (24 % contre 14 %) et toujours autant à croire qu’il peut se transmettre dans les toilettes publiques (plus de 16 %).

STÉPHANIE HASENDAHL

Source : Le Quotidien du Médecin: 9199