. Mise en garde contre les régimes.
Pour la première fois en France, et à la demande de la Direction générale de la santé (DGS), les risques liés aux pratiques alimentaires d’amaigrissement ont été évalués. Les conclusions de l’expertise conduite par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), publiées en novembre 2010, ont été réaffirmées en mai 2011 à l’issue de la consultation publique organisée pour, « sur un sujet sensible », tenir compte des avis des sociétés savantes, des associations médicales, des associations de consommateurs, des promoteurs de régimes et des organisations professionnelles.
Elles sont sans appel : « En l’absence d’excès de poids, les régimes à visée amaigrissante, qu’ils soient proposés par des médecins ou des non médecins, sont des pratiques à risques. » Dans une enquête de l’INCa (Institut national du cancer), près de 50 % des femmes de corpulence normale suivaient ou avaient suivi un régime amaigrissant dans l’année. La recherche d’une perte de poids par des mesures alimentaires « ne peut être justifiée que pour des raisons de santé » et doit faire l’objet d’une prise en charge spécialisée interdisciplinaire (médecin traitant, diététicien, médecin endocrinologue, médecin nutritionniste, professionnel de l’activité physique, psychologue).
Les experts ont procédé à une analyse nutritionnelle de 15 régimes* choisis parmi les plus pratiquées et les plus populaires et à une revue de la bibliographie pour caractériser les risques pour la santé. « L’amaigrissement ne se fait pas uniquement aux dépens des réserves de masse adipeuse mais conduit rapidement à l’affaiblissement du sujet par perte de masse maigre, notamment musculaire et osseuse, quel que soit le niveau d’apport protéique », soulignent-ils. Les modifications profondes du métabolisme énergétique sont à l’origine d’une reprise du poids (80 % des sujets après un an et augmente avec le temps) et de l’installation d’un cercle vicieux. « Plus on pratique de régimes, plus on favorise la reprise pondérale », insistent les experts. Parmi les conséquences, ils citent le risque de mort subite liée à des troubles du rythme cardiaque, l’inflammation hépatique, la fibrose portale modérée et les calculs biliaires (régimes très hypocaloriques), les effets délétères des régimes hyperprotéiques chez les sujets à risque d’insuffisance rénale. Les conséquences psychologiques, également, sont loin d’être mineures : dépression, perte de l’estime de soi dus aux échecs à répétition, syndrome de la restriction cognitive qui, par ses effets sur les signaux physiologiques de faim et de satiété, peut aggraver ou générer des troubles du comportement alimentaire. L’expertise de l’ANSES a notamment permis d’élaborer la nouvelle politique de prévention dans de cadre du PNNS.
. Nouveaux objectifs du PNNS.
Le PNNS 3, dont l’une des priorités est de réduire des inégalités sociales de santé en matière de nutrition, fixe de nouveaux objectifs, conformes aux recommandations du Haut Conseil de la santé publique. Il prévoit, en cinq ans, de diminuer de 15 % la prévalence du surpoids et de l’obésité chez l’enfant et l’adolescent ; de stabiliser la prévalence de l’obésité et de réduire de 10 % le surpoids chez l’adulte. L’activité physique devra augmenter de 20 % chez l’adulte et 50 % des enfants devront avoir une activité régulière ; le temps moyen journalier passé devant un écran devra être réduit de 10 %. Le programme vise aussi à augmenter la consommation de fruits et légumes : 50 % des adultes et 25 % des enfants devront en consommer 5 par jour (respectivement 70 % et 50 % devront en consommer 3,5 par jour).
La nouveauté de ce PNNS 3 est qu’il s’articule à un plan Obésité. Son but est de mieux organiser l’offre de soins, de la rendre plus lisible et accessible à tous. Les Agences régionales de santé (ARS) sont chargées de reconnaître une ou plusieurs structures spécialisées capables d’assurer une prise en charge (médicale, chirurgicale, soins de suite et de réadaptation) pour les patients présentant des obésités sévères ou compliquées. Les centres spécialisés (36 au total) devront travailler avec les médecins traitants et les spécialistes de ville, les réseaux, le secteur médico-social et les associations. Les généralistes et les pédiatres sont appelés à jouer un rôle essentiel dans le dépistage, le bilan et les premières mesures thérapeutiques. Les nouvelles recommandations de bonnes pratiques cliniques pour la prise en charge médicale de premiers recours élaborées par la Haute Autorité de santé (HAS) devraient les y aider.
Chez l’enfant et l’adolescent, il est recommandé de surveiller l’IMC systématiquement, quels que soient l’âge, la corpulence apparente et le motif de la consultation. Chez l’adulte, les nouvelles recommandations concernent essentiellement la chirurgie bariatrique et les conditions requises pour en bénéficier : IMC ≥ 40 kg/m2 (ou ≥ 35 kg/m2 si comorbidité), échec d’un traitement médical, nutritionnel, diététique et psychothérapeutique bien conduit pendant 6 à 12 mois, patient bien informé, évaluation et prise en charge préopératoires pendant plusieurs mois, nécessité comprise par le patient d’un suivi chirurgical et médical la vie durant, risque opératoire acceptable. Des documents sont disponibles pour les médecins traitants et les patients.
* Régime du Dr Atkins, régime californien du Dr Guttersen, régime « citron détox », régime de la chrononutrition du Dr Delabos, régime du Dr Cohen, régime du Dr Dukan, régime du Dr Fricker, régime Mayo, régime Miami du Dr Agatson, régime Montignac, régime du Dr Ornish, régime Scardsdale du Dr Tarnower, régime de la soupe au chou, régime Weight Watchers, régime zone de M. Sears
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