L'évaluation dans des conditions de vie réelle de 4 types de logos nutritionnels (deux synthétiques : nutriscore, et sens, et deux analytiques : nutri-repère et nutri-couleurs) commencera le 26 septembre, pour 10 semaines, ont indiqué les autorités ce 16 septembre. Elle devrait permettre d'observer l'influence des différents systèmes d'étiquetage dans le choix des consommateurs, pour à terme, nourrir l'expertise de l'ANSES, qui s'appuiera également sur la littérature scientifique déjà disponible. In fine, un décret d'application début 2017 précisera le cahier des charges de l'information graphique nutritionnelle, prévue dans l'article 14 de la loi santé. Celle-ci sera recommandée, mais ne s'imposera pas, aux industriels (d'où leur nécessaire adhésion), a indiqué le Pr Benoît Vallet, directeur général de la santé et co-président, avec Christian Babusiaux, du comité de pilotage.
« C'est une première : aucune étude n'a jamais été réalisée à ce jour comparant autant de systèmes d'information nutritionnels différents, ce qui permettra d'identifier le plus à même de répondre à l'objectif de santé publique et à la meilleure compréhension possible du consommateur », a souligné le Pr Vallet. « Les 4 logos contribuent à l'information nutritionnelle, mais on ne sait pas comment le consommateur va s'en emparer », a-t-il ajouté, réfutant l'idée que les résultats soient courus d'avance.
L'obésité est un fléau a-t-il rappelé : elle touche ainsi 15 % des adultes, soit 7 millions de personnes en France, et 450 000 enfants de moins de 15 ans (soit 3,5 % de cette classe d'âge). Les inégalités sociales sont criantes avec une prévalence qui culmine à plus de 25 % dans les classes défavorisées (et qui a augmenté de 12 % entre 2000 et 2012), vs 7 % chez les plus favorisés.
2 millions d'étiquettes dans 60 magasins
Le protocole scientifique, présenté par le président du comité scientifique de l'évaluation, Noël Renaudin, prévoit un essai contrôlé randomisé par groupe, avec 4 branches (correspondant aux 4 logos testés) et une branche contrôle. Le critère de jugement retenu a été le score FSA, « qui attribue un certain nombre de points à la composition nutritionnelle d'un produit », a dit Noël Renaudin. C'est aussi sur ce score que se fonde le nutri-score proposé par le Pr Serge Hercberg, épidémiologiste de la nutrition de l'université Paris 13. « Néanmoins, c'est le seul score à avoir une validité scientifique du point de vue de la santé publique : des études montrent que l'amélioration du score FSA dans la consommation des gens est corrélée avec une diminution de leurs risques médicaux par exemple cardiovasculaires », a justifié le président du comité scientifique, ajoutant qu'il est commode d'utilisation, et que preuve a été faite qu'il n'avantage pas le logo du Pr Hercberg.
Dans 4 régions (Ile-de-France, Hauts-de-France, Haute-Normandie, et Auvergne-Rhône Alpes) 60 magasins participent à l'évaluation : 40 testeront chacun un logo et 20, aucun logo (groupe contrôle). « Nous avons pris des précautions pour que les groupes soient aussi homogènes que possible : dans chaque groupe, il y a la même représentation de chacune des enseignes, car les promotions et le marketing se ressemblent. En outre, les magasins ont été stratifiés selon des critères socio-économiques, pour voir s’il y a un effet spécifique de l'étiquetage chez les moins favorisés. Enfin nous nous sommes assurés que les rayons retenus permettent de voir des différences », détaille Noël Renaudin. Deux millions d'étiquettes seront donc posées dans 4 rayons : traiteur frais (hors charcuterie, produits de la mer, snacking), viennoiserie industrielle, pains et pâtisseries industrielles, et plats cuisinés en conserve.
En écho aux polémiques autour de la méthodologie du protocole, les autorités ont insisté sur les procédures de contrôle. La présidente de l'Agence Link Up Sandrine Raffin énumère : 70 chargés d'étiquetage tous les jours dans les magasins, 20 diététiciens sur le terrain assurant 2 visites par semaine et par magasin, 6 auditeurs du fonds français alimentation santé (FFAS) munis des questionnaires et des visites inopinées de la part de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF). En plus, une vingtaine d'enquêteurs du Credoc mesureront la satisfaction des consommateurs, tandis qu'une enquête qualitative sera menée online.
Budget de plus de 2 millions d'euros
Les premiers résultats sont prévus officiellement pour décembre 2016 mais les doutes sont permis. « Nous essaierons de ne pas trop décaler le rendu de ce rapport mais il faut quelques mois pour », indique Noël Renaudin, alors que la DGS n'a pas encore officialisé l'équipe qui sera en charge des traitements des données et devrait être mise en place avant la fin septembre.
« Nous comptons avoir le classement entre les 4 logos fin janvier début février ; nous mettrons le nombre de statisticiens nécessaires pour tenir ces délais », a assuré Benoît Vallet. Viendront ensuite des années d'études à partir des données extraites, qui pourront notamment être appareillées avec celles de l'Assurance-maladie.
Le budget total de l'évaluation est de 2,2 millions selon Daniel Nairaud, directeur général du FFAS, porteur opérationnel du projet, et financeur à 52 %, grâce à des dotations d'une centaine d'acteurs privés. L'autre moitié de l'enveloppe est prise en charge par la direction générale de la santé et l'Assurance-maladie. « L'obésité coûte 20 milliards d'euros à l'Assurance-maladie. Cette expérimentation est un élément de prévention potentiellement rentable », résume Christian Babusiaux.
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