L’AUDITION PUBLIQUE organisée à l’Assemblée sur le thème « Les antennes relais à l’épreuve des inquiétudes du public et des données scientifiques » n’a apporté aucun élement scientifique nouveau. Mais elle a, une fois encore, montré le décalage entre l’attente des citoyens qui veulent des réponses immédiates et l’approche méfiante des épidémiologistes face à des études qui, prises à part, peuvent être contradictoires.
La question est de savoir si « conviction vaut plus que raison », s’est demandé le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, en ouvrant le débat. Face à la polémique qui se propage maintenant dans les tribunaux (deux opérateurs de téléphonie mobile ont été contraint de démonter des antennes-relais au nom du principe de précaution), la réponse des experts sur les effets sanitaires des antennes reste la même, rassurante.
Les expertises collectives, (comme celle de l’Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail en 2005, et plus récemment, celle du comité scientifique européen des risques sanitaires émergents et nouveaux, le SCENIHR), ont été unanimes à dire « qu’il ne semblait pas y avoir de risques particuliers avec les antennes de téléphonie mobile », a indiqué le Pr André Aurengo, chef du service de médecine nucléaire de la Pitié-Salpêtrière (Paris) et membre de l’Académie de médecine. D’ailleurs, comparé avec les téléphones portables, « pour lesquels aucun effet sanitaire n’a été établi pour un usage inférieur à dix ans, les antennes génèrent une exposition qui est de 100 à 100 000 fois plus faible », a-t-il ajouté, en précisant que 24 heures devant une antenne à 1 volt/m représente 30 secondes de conversation avec un portable en ce qui concerne l’exposition de la tête.
Reconnaître les troubles.
Il ne s’agit toutefois pas de nier les effets sanitaires : oui, il y en a, a affirmé, provocateur, le Pr Denis Zmirou (faculté de médecine de Nancy). Mais de quels effets parle-t-on ? De quoi les gens qui disent souffrir des effets des antennes-relais se plaignent-ils ? De maux de tête, de difficultés d’endormissement ou de concentration, de froideur des extrémités... « Ces troubles sont tous subjectifs. Ils sont sérieux et peuvent être extrêmement handicapants. Comme l’OMS, je pense qu’à cet égard, on peut les qualifier de problèmes de santé », estime-t-il. « Un très grand nombre d’études ont montré que les personnes hypersensibles réagissaient beaucoup plus aux différents tests (palpitation, troubles cognitifs, moiteur) que la population ne déclarant pas de symptômes. Mais ces personnes réagissent indifféremment qu’il y ait ou non des champs électromagnétiques de quelque nature que ce soit. Ce ne sont pas les ondes électromagnétiques qui sont à l’origine des troubles mais un état de fragilité, d’anxiété. ». Selon le Pr Aurengo, reconnaître que l’électrohypersensibilité est une affection psychosomatique est quelque chose d’important pour les personnes qui en sont atteintes, car « leur prise en charge est difficile et doit être adaptée ».
Malheureusement, les citoyens, comme les associations, vont devoir longtemps s’accommoder des incertitudes scientifiques, prévient l’épidémiologiste. « Les auteurs d’Interphone n’ont déjà pas réussi à se mettre d’accord sur l’interprétation que l’on peut faire de leurs études. Une étude épidémiologique spécifique sur les antennes-relais est probablement impossible car les niveaux d’énergie sont trop bas. Les facteurs de confusion seraient considérables. La simple mesure de ce à quoi sont exposés les gens de manière rétropective est impossible », résume le Pr Aurengo, qui insiste sur la nécessité de répliquer les études par des équipes indépendantes.
Face à cette « menace potentielle virtuelle représentée par les ondes électroniques » que redouterait 1/3 des Français, il s’agit pour les autorités publiques, « après une analyse tranquille de ces faits », de prendre des dispositions, suggère Denis Zmirou. C’est le pari que veut relever le gouvernement, le 23 avril, lors de la table ronde sur les effets potentiels des téléphones mobiles et des antennes relais où opérateurs, associations et politiques devront trouver un consensus.
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