À ce jour, l'application StopCovid, lancée le 2 juin pour accompagner la deuxième phase du déconfinement, a été téléchargée 1,9 million de fois, et activée 1, 816 048 million de fois a indiqué Cédric O, secrétaire d'État au numérique, ce 23 juin à l'occasion d'une conférence de presse. Elle a été désactivée 24 000 fois, et désinstallée 460 000 fois, une tendance qui s'accélère, même si le solde reste positif, a-t-il reconnu. À titre de comparaison, l'application allemande a été téléchargée 10 millions de fois.
Développée par un consortium d'acteurs français piloté par l'Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique (INRIA), StopCovid est un outil complémentaire de tracing, qui permet, via la technologie bluetooth des téléphones portables, d'être prévenu si l'on a côtoyé plus de 15 minutes une personne testée positive au Covid-19.
Seulement 14 notifications de contact à risque
Selon le ministère de l'économie, 68 personnes se sont déclarées positives sur l'application. Elles ont rencontré 205 contacts qui l'avaient eux-mêmes téléchargée et activée. Mais seulement 14 utilisateurs ont reçu une notification, les prévenant d'un risque et les invitant à prendre contact avec leur médecin traitant.
Des enquêtes de terrain doivent permettre de dire si le faible nombre de notifications est logique, a commenté Cédric O. Plus largement, ces chiffres reflètent une double réalité : « une baisse plus rapide qu'escomptée de la prévalence de l'épidémie au sein de la population (une trentaine de personnes testées positives chaque jour à Paris) et une diffusion limitée de StopCovid », a précisé le secrétaire d'État, évoquant aussi la diminution de l'inquiétude des Français à l'égard du Covid-19.
Prévention d'une seconde vague
Loin d'y voir un échec, les promoteurs du projet ont réaffirmé sa pertinence, dans le cadre d'une stratégie globale de lutte contre l'épidémie. « Ce n'est pas une simple application, c'est un nouveau mode de prévention sanitaire, où les technologies ont toute leur place », a déclaré Maurice-Pierre Planel, directeur général adjoint de la Santé.
« Nous ne sommes pas sortis d'affaire. Dans un scénario de reprise de l'épidémie, les Français verront l'intérêt de cette application pour protéger les proches et être pris en charge rapidement, afin d'éviter le scénario catastrophe d'un nouveau confinement », a défendu Simon Cauchemez, chercheur en épidémiologie (Institut Pasteur) en précisant que StopCovid avait le mérite, par rapport au tracing traditionnel, d'identifier les contacts inconnus, comme ceux croisés dans les transports en commun ou au supermarché.
« Cette application est efficace dès le début, comme le port du masque, pour lequel on ne fixe pas de pourcentage », a assuré Vittoria Colizza, directrice de recherche à l'INSERM, nuançant ainsi l'idée que l'application ne serait utile que si 60 % de la population l'adoptait.
StopCovid en renfort en Guyane
StopCovid serait efficace notamment face à des clusters ou pour contrôler l'épidémie en Guyane, a avancé Cédric O. Les Ultramarins ont ainsi reçu sur leur téléphone des messages les invitant à télécharger l'application, traduite en six langues différentes. En parallèle, une autre modalité de déclaration, via le médecin traitant, est en cours d'expérimentation.
À plus long terme, d'autres pistes d'amélioration sont explorées, certaines seront même présentes dès la nouvelle version de l'application disponible ce jeudi 25 juin (intégration d'un captcha souverain, non lié à Google, comme mesure de sécurité assurant que « je ne suis pas un robot »). Les chercheurs travaillent en outre à l'élaboration d'un protocole de transmission sur des objets connectés (et pas seulement des téléphones mobiles), et, à l'échelle européenne, à une interopérabilité avec les autres applications (protocole Desire). Un prototype devrait sortir la première quinzaine de juillet, a précisé Bruno Sportisse, PDG de l'INRIA.
Des contrôles prochains de la CNIL
« Nous n'avons pas eu de problème de confidentialité ni de vie privée. Toutes les craintes de fuite de données, de réidentification des personnes malades ou contacts n'ont pas été avérées à ce jour », a enfin assuré Cédric O.
La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) devrait contrôler « dans les prochains jours » le fonctionnement du serveur central de l'application gouvernementale, a-t-elle fait savoir de son côté. Selon des chercheurs en cybersécurité, l'application StopCovid enverrait à l'autorité de santé tous les contacts croisés par les sujets déclarés infectés pendant les 14 derniers jours (délai maximal d'incubation du virus), et non les seuls contacts à risque détectés pendant 15 minutes à moins d'un mètre, comme prévu.
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