Parfois cruelle, l’histoire retiendra qu’un Hémicycle quasi-désert a adopté une des réformes santé les plus conflictuelles de ces dernières années, devenue le marqueur social d’une gauche (à peu près) rassemblée.
De fait, en attendant le travail du Sénat, 23 députés issus de la majorité auront suffi pour inscrire dans le marbre le principe du tiers payant généralisé, certes par étapes (au 1er juillet 2015 pour les bénéficiaires de l’ACS, à partir de l’année prochaine pour les patients en ALD, à compter de 2017 pour tous les Français), sous le pilotage de l’assurance-maladie. Si le débat en séance publique a été tonique et fleuri (lire ci-dessous notre récit), Marisol Touraine, à nouveau très soutenue par Manuel Valls, a affiché sa détermination, expliqué ses convictions et finalement exprimé sa « fierté » d’avoir mené à bien cette réforme emblématique. Avec ce pari : « Dans dix ans, on ne parlera plus du tiers payant », ce sera une évidence.
Temps médical perdu, euros dans la nature
Comme elle l’espérait, face à une droite en ordre de bataille, Marisol Touraine a soudé le PS autour du tiers payant (les frondeurs ont fait bloc), s’est attiré la bienveillance des communistes et des Verts. Fait marquant : chez les radicaux de gauche, le Dr Dominique Orliac a voté contre cet article, dénonçant non pas l’objectif mais la « façon de faire » du gouvernement, à la hussarde, et le manque de garanties pour les médecins. « Il y a un risque que les généralistes y passent plusieurs heures par semaine et perdent plusieurs milliers d’euros par an », résume l’ophtalmologiste du Lot au « Quotidien ».
Même si ce « TPG » n’est jamais obligatoire dans le projet de loi, même si le mécanisme s’accompagne de phases de test, d’expertise et évaluation, le train est lancé à grande vitesse vers ce droit accordé aux patients.
Il aura fallu trois ans pour concrétiser la réforme : c’est le candidat Hollande qui, le 13 mars 2012, avait promis pour la première fois la généralisation du tiers payant en ville en secteur I, dans un discours santé dans la Drôme, à Romans. Un roman que la grande majorité* des médecins aurait préféré ne jamais lire.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation