Le Dr Pierre Bornet pratique la dispense d’avance de frais sur son activité privée à l’hôpital de Grasse, dans les Alpes-Maritimes, depuis près de dix ans.
À ses débuts, il envoyait manuellement les feuilles de soins à l’assurance-maladie. Six semaines d’attente assurée. Le médecin a misé sur l’efficacité de la carte Vitale et de la télétransmission. Et l’enthousiasme des débuts est retombé comme un soufflet. « Le système technique n’est pas au point », témoigne-t-il. Les bugs à répétition, la frustration et la colère grandissante à l’encontre de l’assurance-maladie ont poussé le chirurgien viscéral à partager l’expérience de son « enfer » quotidien avec ses confrères libéraux.
« Normalement, je suis remboursé cinq jours après avoir vu mon patient et télétransmis la feuille de soins électronique, mais la réalité est toute autre, raconte le Dr Bornet. Une fois sur deux, la Sécu me réexpédie la FSE pour avoir omis de coter le ticket modérateur de 18 euros, pour une rature, pour je ne sais quoi. Renvoi de courrier, nouvelle attente de huit jours, on n’en finit jamais ! ». Le vif agacement du médecin vient aussi de l’interrogatoire « serré » qu’il doit infliger à ses patients pour connaître leurs droits et réduire les risques de retard de paiement.
Malgré ces précautions, le Dr Bornet déplore un manque à gagner annuel de 2 000 euros à 3 000 euros à cause du tiers payant, sur un chiffre d’affaires de 70 000 euros. En vieil habitué du 100 % tiers payant, le praticien soutient pleinement la lutte des médecins libéraux. Selon lui, le tiers payant obligatoire en ville est un moyen implicite de rallonger les délais de paiement et de dissoudre dans le temps la dépense de la Sécu. Ce serait surtout un gouffre financier, car il incite à la consommation médicale. C’est enfin le meilleur moyen de « dévaloriser l’activité médicale ».
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