Encore beaucoup d’incertitudes immunitaires

Publié le 24/04/2020

Pour stopper la circulation du virus, si on se calque sur les épidémies « classiques », il faut une immunisation de 60 % de la population. Difficile d’estimer combien de Français auront vraiment été contaminés à la sortie du confinement. « Il y a trois semaines, je pensais que ce serait un élément fondamental, permettant de distinguer les séro-protégés des séro-négatifs », explique le Pr Delfraissy. Certains avaient même imaginé une forme de passeport d’immunité, qui se révèle finalement n’avoir aucun sens. À la lumière des données actuelles, « préliminaires mais assez solides, concernant les foyers les plus virulents, de l’Oise ou de l’est de la France, mais aussi les premières données italiennes ou chinoises, on s’aperçoit que le taux d’immunité y est de 10-12 % maximum ». L’étude Pasteur-CNRS retrouve des chiffres similaires, estimant qu’au « décours de la première vague, près de 6 % de la population française aura été contaminée », avec une proportion plus importante en Île-de-France (12,3 %) et dans le Grand Est (11,8 %). « La première vague n’a finalement contaminé qu’une fraction relativement limitée de la population et on ne peut pas compter dessus en terme de protection », résume le Pr Delfraissy.

Cette faible couverture collective se double d’un mystère, sur l’immunité individuelle, qui rend la situation encore plus complexe et « montre que ce virus est une vraie vacherie », poursuit-il. « On ne sait pas si le fait d’avoir des anticorps est une garantie de protection. » Par ailleurs, combien de temps est-on immunisé après avoir été atteint, peut-on attraper le Covid deux fois ? Ces questions se posent alors que l’Asie a fait état de plusieurs patients guéris mais à nouveau testés positifs. Deuxième contamination ? Cela peut aussi être dû à des faux négatifs, chez des patients qui n’étaient en réalité pas débarrassés du virus, mais aussi à un réservoir viral dormant, capable de se réactiver chez certains patients. Ces questions ne sont pour l’instant pas tranchées, mais « engagent à rester très prudents », indique le Pr Delfraissy.


Source : Le Généraliste: 2909