Maladie de Parkinson

La rééducation intensive, une arme supplémentaire dans la lutte contre la maladie

Publié le 12/11/2015

Ils sont huit patients atteints de la maladie de Parkinson, très appliqués sur leur exercice d’écriture. Au fil des jours, le trait se fait plus assuré, la main moins tremblante. L’atelier graphisme fait partie des nombreuses activités proposées à ce petit groupe de patients, tout au long d’un programme de cinq semaines de rééducation intensive.

« Pour écrire une lettre manuscrite, c’est très très long, confie Didier Colange, l’un des patients du groupe, qui souffre de la maladie de Parkinson depuis quatre ans. Je dois m’y reprendre à plusieurs fois. Mais grâce à ce programme, je sens une amélioration dans mon écriture », apprécie-t-il. Après cet atelier, les patients participent à une séance de kinésithérapie en groupe. Le rythme est soutenu : travail des bras, des jambes, flexions, fente… Les patients ne ménagent pas leur peine, sous la houlette énergique de trois rééducateurs. Pour les motiver, ces derniers leur proposent même d’exécuter un haka, la célèbre chorégraphie des All Blacks, l’équipe de rugby de Nouvelle-Zélande.

Diminution des traitements chez un patient sur trois

À l’hôpital Henry Gabrielle près de Lyon, les soignants testent depuis octobre 2014 un nouveau programme de rééducation intensive auprès de patients atteints de la maladie de Parkinson, mis en place avec l’hôpital neurologique Pierre Wertheimer. Des activités physiques à un rythme soutenu sont proposées aux patients, trois à quatre fois par semaine, pendant trente à quarante minutes : kinésithérapie, marche nordique, cross-training, massages et étirements, rééducation en piscine, travail de la posture et taï-chi. Elles sont complétées par de la rééducation de la voix et de l’écriture, mais aussi par de l’ergothérapie, comprenant un travail des gestes, des expressions et des ateliers de peinture. « Nous nous sommes inspirés d’études anglo-saxonnes qui ont montré que des exercices répétés et intensifs avaient des conséquences positives dans l’évolution de la maladie de Parkinson pendant deux à trois ans », explique Marie-Odile Girard, cadre de santé kinésithérapeute. Actuellement, les cinq groupes qui ont suivi ce programme confirment les données de la littérature, soit 35 patients. « On remarque une amélioration de la marche, de l’équilibre, de l’articulation des mots, note Marie-Odile Girard. On observe des variations énormes entre les performances en début et en fin de programme. On a même pu diminuer les traitements chez un patient sur trois. Et le premier groupe, évalué à huit mois, a gardé les mêmes performances. » Et les bénéfices ne sont pas uniquement médicaux. « Ce programme permet aussi de rouvrir les patients vers l’extérieur, de les resocialiser. Car quand on est lent et figé, on a très vite tendance à se désociabiliser », souligne-t-elle. Les informations obtenues lors de ces programmes sont recueillies et alimentent une base de données qui sert à mener un projet de recherche sur les effets de la rééducation intensive sur les troubles de la posture du patient parkinsonien.

Anne-Gaëlle Moulun

Source : Le Quotidien du Médecin: 9449