Les jours du Pr Didier Raoult à la tête de l'IHU Méditerranée Infection à Marseille sont officiellement comptés. En effet, l'institut a enclenché, le 23 novembre, le processus de sélection d'un nouveau directeur en nommant Louis Schweitzer, l'ex-patron de Renault, à la tête d'une « commission de sélection ». L’IHU précise que le conseil d’administration s’est réuni dans « un climat serein et constructif » et ajoute qu’un « appel à candidatures sera prochainement diffusé dans des revues internationales ».
Pour l’heure, aucune date n'a été donnée pour l'entrée en fonction du successeur du controversé Didier Raoult, accusé – entre autres griefs - de « charlatanisme » par certains de ses pairs pour avoir fait la promotion de l'hydroxychloroquine sans validation scientifique. Le 17 septembre, dans un communiqué annonçant déjà « une commission de recrutement », les six membres fondateurs de l'institut, dont l'AP-HM (Assistance publique-Hôpitaux de Marseille), avaient affiché l'objectif de trouver un remplaçant à Didier Raoult d'ici « le 30 juin 2022 au plus tard, pour une prise de fonction au plus tard le 30 septembre 2022 ». Didier Raoult, officiellement retraité depuis le 31 août dernier en tant que professeur d'université-praticien hospitalier, devrait donc rester quelques mois encore à la tête de cet institut qu'il avait créé en 2011.
En août, dans le quotidien « Le Monde », le nouveau directeur général de l'AP-HM François Crémieux, avait exprimé le « besoin de tourner une page ». « Il arrive pour faire le ménage et je fais partie des objets dont il voudrait faire le ménage », avait réagi le professeur Raoult, dans un entretien sur la chaîne « Cnews ».
« Fouille-merde »
Le recrutement du successeur de Didier Raoult intervient alors que l'IHU fait l'objet de nombreuses enquêtes et que celui-ci a été visé par plusieurs plaintes. Des enquêtes ont été ouvertes sur les conditions dans lesquelles l'IHU a conduit ses études autour du Covid : d'abord par l'université Aix-Marseille, autre membre fondateur de l'Institut, en juin 2021, puis par l'AP-HM, en novembre. L'ANSM, l'agence du médicament, avait également annoncé mener des « investigations », en juillet, sur de « possibles manquements à la réglementation des essais cliniques ».
La même agence du médicament a annoncé fin octobre qu'elle allait « diligenter une inspection » au sein de l'IHU, à la suite des affirmations de « Mediapart » selon qui l'institut aurait mené « une expérimentation sauvage contre la tuberculose ». Dernière affaire en date : une autre enquête publiée par le site d'information le 19 novembre a fait état de pressions exercées par Didier Raoult sur ses équipes et de falsification de résultats scientifiques pour démontrer l’efficacité de l’hydroxychloroquine.
La journaliste à l’origine de cette enquête, Pascale Pascariello, a reçu des menaces suite à la publication de l’article. Son père, cardiologue à Marseille, a lui aussi subi des pressions. Il a notamment été contacté par des confrères lui demandant pourquoi sa fille faisait « la fouille-merde ». Pascale Pascariello a également reçu des alertes de ses proches marseillais, dont certains travaillent dans le milieu médical. « C’est certainement vrai ce que tu révèles mais c’est trop risqué. Arrête d’enquêter sur l’IHU », témoigne la journaliste.
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