LE DÉLAI MOYEN en France en 2013 pour obtenir un rendez-vous pour une IRM lombaire à réaliser en urgence dans une indication cancérologique est de 30,5 jours. C’est ce qu’indique l’enquête renouvelée chaque année depuis 2003 par Cemka-Eval pour Imagerie santé avenir, association loi 1901 qui réunit des professionnels de l’imagerie médicale, des responsables d’une industrie de santé et des acteurs de l’offre de soins.
Ce délai, à nouveau à la hausse en 2013 après une légère baisse l’année dernière, témoigne du sous-équipement chronique de notre pays. Avec seulement 646 appareils installés en France métropolitaine, soit un taux de 10,1 IRM / million d’habitants, le pays se situe en queue de peloton au sein des pays d’Europe de l’ouest, où ce taux est en moyenne de 19,5 / million d’habitants, soit près du double.
Pourtant, le délai d’accès aux examens recommandés pour les patients en cancérologie est un critère de qualité de l’offre de soins et figure dans le Plan Cancer. Ainsi, le plan 2009-2010 avait fixé comme objectif pour l’année 2010 de réduire le temps d’attente à 15 jours en moyenne.
Des inégalités territoriales criantes.
Le constat est encore plus préoccupant lorsque les chiffres sont analysés non plus à l’échelle du pays mais au niveau régional, avec des variations des taux d’équipement et de délais d’attente qui vont du simple au double.
Les Pays de la Loire et la Basse-Normandie ont les taux d’équipement parmi les plus bas et les délais d’attente parmi les plus élevés, respectivement de 45,4 jours et 49,7 jours.
D’autres régions, comme le Nord - Pas-de-Calais et la Champagne-Ardenne sont à l’inverse mieux équipées (13,6 et 12 IRM par million d’habitants respectivement) et les délais d’attente (de 21,5 jours et de 26,6 jours) sont deux fois moindres.
En pondérant les chiffres selon la taille de la population, le délai moyen est de 43,3 jours dans les régions les moins bien équipées contre 23,8 dans les mieux loties.
Cette inégalité territoriale est synonyme d’inégalités d’accès aux techniques d’imagerie les plus performantes et, dans certains cas, d’un acte de radiologie interventionnelle thérapeutique.
Pour toute perspective, les Projets Régionaux de Santé pour la période 2013-2018 prévoient une augmentation d’environ 250 IRM sur 5 ans, soit un rythme d’augmentation annuelle de moins de 10 %. Ceci ne devrait pas permettre d’atteindre un taux d’équipement de 15 IRM/million d’habitants (moyenne européenne il y a 4 ans) ni les délais d’attente préconisés par le plan cancer : de 15 jours au plan national et de 10 jours pour les régions connaissant une forte mortalité par cancer.
Pour rejoindre la moyenne européenne et se rapprocher du respect des bonnes pratiques d’imagerie, il faudrait idéalement doubler le nombre d’IRM, pour atteindre le chiffre de 1 260 environ.
À noter : en ce qui concerne les scanners, la situation n’est guère plus reluisante et la France est 24e des 28 pays de l’OCDE, avec 11,8 appareils / million d’habitants.
Conférence de presse des Journées française de radiologie.
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